Trois juges d’instruction viennent d’inculper un officier supérieur, en Guinée, pour le massacre du 28 septembre 2009, à Conakry. Parce que cet officier est aujourd’hui en poste à la présidence de la République, la décision des magistrats a été saluée par les organisations de défense des droits de l’homme comme un acte courageux, d’une audace inattendue. A la suite de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle de décembre 2011, en République démocratique du Congo, l’opposant Etienne Tshisekedi, vous en souvenez-vous, a refusé de saisir la Cour suprême de justice, parce qu’il considérait cette cour comme « une institution privée de Joseph Kabila », dont les membres ne pouvaient donc, à son avis, que rendre des décisions favorables à leur maître. Au Sénégal, entre les manifestations interdites et celles qui sont tolérées ou autorisées à la toute dernière minute par la police, l’opposition a d’autant plus de mal à croire à l’impartialité de l’Administration que subsiste la controverse sur la validation, par le Conseil constitutionnel, de la candidature du chef de l’Etat sortant à la prochaine présidentielle. C’est une bien triste vérité, mais il faut l’admettre : l’Administration publique, dans nombre de pays d’Afrique, inspire aux populations une profonde défiance, quant à sa capacité à agir selon le droit et les règles administratives, et non selon le bon vouloir des dirigeants en place. Il est même des pays où les règles strictes et les pratiques rigoureuses de l’administration ne sont plus maîtrisées par personne, les hauts fonctionnaires étant chapeautés, étouffés par des personnes incompétentes, placées là pour pervertir la fonction publique, au profit de ceux qui gouvernent, et non de l’Etat et des citoyens. Une des conséquences de tout cela est que des hauts fonctionnaires, censés incarner la mémoire de l’Administration publique et perpétuer le bon usage, baissent les bras et oublient de passer le relais aux plus jeunes ! Lutter pour la transparence électorale est, certes, une nécessité. Mais les oppositions, comme la société civile, devraient peut-être se battre aussi, un peu plus, pour une administration compétente et juste, qui respecte et applique les textes. Car l’état de droit commence par une administration crédible. Mieux, une administration compétente et impartiale peut faciliter, à bien des égards, l’émergence de l’état de droit et de la démocratie. Et même le développement ! RFI
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