Dans cette deuxième phase de ma réflexion,
je m’arrête un instant sur les scrutins. Comme je l’ai dit auparavant, les
élections au lieu d’être de simples exercices démocratiques, sont aujourd’hui
de véritables sources de déstabilisation dans les pays africains en général et
en Guinée en particulier.
L’instabilité créée avant, pendant et
après les élections empêche le déploiement et la réalisation de véritables
projets de développement. Or sans développement, il ne saurait y avoir de
démocratie pérenne. Et, à chaque élection, nous abandonnons presque notre
souveraineté en devenant un pays sous tutelle où les diplomates étrangers nous
dictent nos règles de conduite. Cette situation en particulier ne devrait faire
la fierté d’aucun enfant de Guinée.
Dans un pays où le citoyen ordinaire vit
dans le dénuement total, des montants faramineux sont dépensés pour organiser
des consultations électorales dont personne au départ n’est prêt à accepter les
résultats.
Pour éviter donc de tourner en rond
pendant encore des décennies dans ce cercle infernal. Nous avons l’obligation
de réfléchir aux solutions permettant un apprentissage de la démocratie dans la
stabilité.
Les raisons de ces instabilités sont
multiples. L’une des principales, à mon sens, qui est la méthode d’organisation
des élections a fait l’objet d’un de mes précédents articles intitulé « CENI,
une usine à gaz africaine ».
Dans le présent papier je regarde les
mandats avec la cadence des élections. Et je me pose cette question : Dans
cette phase d’apprentissage de la démocratie, est-il utile et bénéfique d’avoir
des mandats de courtes durées avec une cadence soutenue d’élections comme dans
les pays où la démocratie a déjà atteint un certain niveau de maturité ? J’en
doute fort, car comme en médecine, pour les soigner de la même maladie, la dose
de médicament pour un enfant ne saurait être équivalente à celle destinée à un
adulte.
Les problèmes guinéens sont sérieux et
leur résolution nécessite un changement profond de mentalité qui ne peut
s'inscrire que dans la durée avec comme condition sine qua non, la stabilité.
C’est pourquoi, je pense qu'il faut
espacer les échéances électorales en augmentant la durée des mandats et en les
rendant de facto non renouvelables.
Que ce soit pour le présidentiel ou le
législatif, une durée de huit ans pour un mandat unique peut par exemple être
envisagé! C’est trois ans de plus que le mandat actuel et c’est l’équivalent de
deux mandats aux États-Unis. Donc suffisamment de temps pour permettre à un élu
de faire ses preuves.
L’espacement des consultations électorales
aura pour avantages entre autres :
·
D’éviter que toutes les forces vives de la nation soient constamment
focalisées sur la question des élections en paralysant ainsi le pays pendant
des mois voire des années.
·
D’éviter qu'au lieu d’être un moyen, les élections ne deviennent
indéfiniment une fin comme cela semble être malheureusement le cas aujourd’hui.
·
D’éviter de dépenser fréquemment des sommes colossales qui peuvent être
mobilisées pour l’amélioration des services sociaux de base.
·
D’avoir une période significative de calme et de sérénité après la tempête
des élections pour rassurer les investisseurs.
·
De permettre aux militants des différents bords politiques d’être éduqués en matière
de démocratie en apprenant et en digérant les règles de base.
Par son caractère non renouvelable le
mandat unique, ici cité, permettra également de renouveler la classe politique
pour éviter la prise en otage du pays par une génération d’hommes politiques et
la perpétuation d’un quelconque système d’affairisme et de clientélisme. Il
permettra également dans le cas du président en exercice d’éviter qu’il ne soit
juge et partie au moment des élections devant aboutir à son remplacement. Les
calculs politiques pour préparer une éventuelle réélection qui empêchent le
changement par une véritable rupture avec le passé n’auront plus lieu d’être.
Evidemment, dans la situation actuelle de
la Guinée, si cette proposition devait être appliquée, elle ne saurait l’être
avant les prochaines présidentielles car il s’agit là de repartir sur de
nouvelles bases.
Et comme je le dis souvent, aucune des
propositions que je fais n’est censée être la panacée. Mon but est de susciter
le débat pour la production d’idées permettant à la Guinée de construire sa
démocratie.
Puisse Dieu bénir la Guinée !
Laye BAMBA
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