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mardi 22 juin 2010

La Guinée vit à l’heure d’un grand espoir de changement

Le 27 juin, 4,2 millions de citoyens sont appelés aux urnes pour la première élection libre de l’histoire du pays.
Soixante tonnes de bulletins de vote sont arrivés samedi d’Afrique du Sud, par avion spécial, à l’aéroport de Conakry. Signe que le premier scrutin libre de l’histoire de ce pays, indépendant depuis 1958, se tiendra bien le dimanche 27 juin. Ce jour-là, plus de 4,2 millions de citoyens guinéens sont appelés aux urnes pour l’élection présidentielle, à laquelle concourent quelque vingt-quatre candidats.
l’espoir de tourner une longue page d’oppression
Dans ce pays incroyablement riche en ressources naturelles mais classé parmi les plus pauvres du monde, c’est l’espoir de tourner enfin une longue page d’oppression et de pillage. Et de revenir enfin à un pouvoir civil, après la désastreuse et sanglante parenthèse ouverte en décembre 2008, au lendemain de la mort du président Lansana Conté, par le coup d’État militaire du capitaine Moussa Dadis Camara. Cible d’une tentative d’assassinat par son aide de camp, en décembre 2009, soit trois mois après la sanglante répression qui coûta la vie à plus de 150 opposants au stade de Conakry, celui-ci est tenu à l’écart du pays. Le président par intérim qui l’a remplacé, le général Sékouba Konaté, n’est pas candidat et s’en tient, jusqu’ici, à la neutralité promise. « Les Guinéens sortent d’un long et lourd sommeil. Depuis l’indépendance, c’est la première fois qu’ils peuvent s’exprimer sans crainte. Cela suscite une véritable liesse populaire », se réjouit Taibou Diallo, une syndicaliste, membre du Conseil national de transition. Celle-ci espère toutefois que les candidats malheureux sauront concéder leur défaite pour éviter tout trouble.
Parmi les vingt-quatre candidats, dont une kyrielle d’anciens premiers ministres, un quatuor de tête semble se dégager. Diplomate, Lansana Kouyaté fut nommé premier ministre en 2007 avec l’appui des syndicats, alors qu’un puissant mouvement social faisait vaciller le régime du général Lansana Conté, avant d’être congédié au bout de onze mois. Sydia Touré a lui aussi fait un passage à la primature (1996-1999). Favori de la communauté peulhe, Cellou Dalein Diallo fut également premier ministre, de décembre 2004 à avril 2006. Dans ce peloton de tête, seul Alpha Condé peut se flatter de n’avoir jamais occupé de responsabilités sous l’ancien régime.
L’opposant historique, candidat aux élections présidentielles de 1993 et de 1998, date à laquelle il fut jeté sans procès, avant la fin de la campagne, dans les geôles de Lansana Conté, fait figure de favori. Dans un ouvrage qui vient de paraître (1), il livre sa vision du « changement »  : « Satisfaire les besoins fondamentaux de l’homme, se nourrir, se soigner, s’instruire, se loger. » Vaste chantier, dans un pays où 55 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté.
Rosa Moussaoui
(1) Un Africain engagé, Alpha Condé, Éditions Jean Picollec, 2010.
Guinée. Le scrutin suscite un engouement populaire
Aziz Diop, secrétaire exécutif du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne.
Dans quel climat se déroule la campagne électorale  ?
Aziz Diop. Jusqu’ici, dans un climat apaisé, sans incidents. Certains militants provoquent parfois des débordements, mais ce sont là des accrochages isolés. Le respect du principe de neutralité, par les autorités, par le Conseil national de transition et par le président par intérim, favorise une certaine sérénité. Surtout, ce premier scrutin libre suscite un engouement populaire extraordinaire. La société civile et le mouvement social sont très impliqués, avec plus de 2 000 observateurs déployés sur tout le territoire.
Des replis identitaires sont-ils 
à craindre  ?
Aziz Diop. Il faut se méfier des grilles de lecture qui prédisent, de l’extérieur, un vote « ethnique ». Si la tentation d’un repli identitaire peut s’exprimer, au premier tour, avec le soutien
à tel ou tel candidat en fonction de l’origine ethnique, c’est surtout parce que les citoyens guinéens ne se retrouvent pas encore dans un ensemble national, avec un projet politique clair. 
Le second tour permettra de dépasser cette tentation. Avec 24 candidats, il y aura forcément un second
 tour, donc des alliances. Il s’agit d’élire le président de tous les Guinéens.
Ce scrutin permettra-t-il de tourner
la page de la violence politique, 
moins d’un an après le massacre d’opposants, en septembre2009, 
à Conakry  ?
Aziz Diop. Le président élu aura comme première tâche la réconciliation nationale. Cela implique que les criminels, les commanditaires du massacre du 28 septembre, répondent de leurs actes, devant la justice et devant la commission d’enquête internationale.
Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

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