Laurent Gbagbo persiste et signe dans son entêtement. Malgré les insistants appels à quitter sans délai le pouvoir, l’ancien chef d’Etat continue de s’accrocher au fauteuil présidentiel. Mardi dernier, les médiateurs de la CEDEAO et de l’Union africaine ont buté contre un véritable mur. Les présidents Yayi Boni du Bénin, Ernest Baï Koroma de la Sierra Leone, Pedro Pires du Cap Vert et le Premier ministre Raila Odinga du Kenya ont échoué dans leur dernière tentative de ramener Laurent Gbagbo à la raison. Même si le président sortant affiche maintenant depuis le déclenchement de la crise une volonté de dialoguer, les dernières cartes de la diplomatie semblent grillées avec le couac de mardi dernier. Laurent Gbagbo « accepte de négocier une issue pacifique sans condition préalable ». Mais le président Alassane Dramane Ouattara rejette cette offre. « Tout ce qu’on attend c’est qu’il s’en aille, le reste n’a aucun intérêt pour nous », a lancé hier le conseiller diplomatique, M. Ali Coulibaly. Car, selon lui, essaye d’endormir la conscience des gens. Parce que « sa parole n’aucune espèce d’importance ». Avant d’ajouter : « Que signifie une issue pacifique ? On veut qu’il parte, c’est tout. » Avec le déroulement actuellement des événements, il ne reste en principe qu’une seule chose à la CEDEAO à faire. Lever une armée pour déloger le « Machiavel des lagunes ». Dès les premières heures de la crise postélectorale, l’organisation sous régionale avait pris position en faveur du candidat du RHDP. Mieux, dans deux communiqués, elle a après avoir reconnu le président Alassane Ouattara comme le seul le président élu par le peuple de Côte d’Ivoire, menacé d’utiliser « la force légitime » pour chasser le mauvais perdant du second tour de l’élection présidentielle. Aujourd’hui, la CEDEAO, avec l’échec de la médiation de la dernière chance, est au pied du mur. Car en dépit des apparences, Laurent Gbagbo n’est pas prêt à lâcher le pouvoir. Certes il se dit prêt à négocier pour une issue pacifique. Mais sa démarche, en réalité, vise à gagner du temps. Car derrière cette main tendue, c’est le recomptage des voix que veut mettre l’ex-chef d’Etat sur la table de négociation. S’engouffrer dans une telle brèche sera suicidaire pour le RHDP. Quand on connaît la propension de celui qui squatte en ce moment le palais du Plateau à rouler dans la farine tous ceux qui lui accordent un minimum de bonne foi et de confiance. La CEDEAO a réitéré, à l’issue de sa réunion d’évaluation de la médiation en Côte d’Ivoire, sa volonté de ne pas laisser prospérer les scénarios kényan et zimbabwéen. Au cas échéant l’usage de la force pour obliger Laurent Gbagbo a quitté le pouvoir. « Ce que l’on appelle la solution kényane est désormais en vogue. Quand les gens perdent les élections ils veulent rester au pouvoir en espérant pouvoir négocier ce genre de partage du pouvoir avec les opposants. J’ai dit à Laurent Gbagbo que cette option n’était pas disponible. La solution kényane n’en est pas une du tout. L’expérience kényane a été répétée au Zimbabwe sans grand succès jusqu’à présent (…) ce n’est pas une façon de faire avancer les processus de démocratisation africains. C’est ce que l’équipe a dit à M. Gbagbo », a affirmé hier le Premier ministre kényan Raila Odinga. La CEDEAO, par la voix du président de la commission, James Victor Gbeho, a rappelé hier que l’intervention militaire reste une option en cas d’échec des négociations. « Il ne fait aucun doute que la position de la CEDEAO est que, si l’exploitation de la voie pacifique est infructueuse, alors l’option militaire peut être considérée comme un moyen de résoudre de façon durable la crise en Côte d’Ivoire », a déclaré hier le président de la Commission de la CEDEAO. Cette déclaration n’exclut pas une autre médiation de la CEDEAO sur les bords de la lagune Ebrié pour essayer de convaincre le président sortant à quitter le pouvoir. Mais tout le monde en Côte d’Ivoire, y compris dans le camp de Gbagbo, n’y croit plus. Sauf la CEDEAO qui espère encore faire plier Laurent Gbagbo par la négociation. C’est à elle de comprendre que Laurent Gbagbo joue la montre et mettre fin rapidement à la tragédie qui se joue en Côte d’Ivoire. Sa crédibilité en dépend.
Jean-Claude Coulibaly« L’option militaire est toujours sur la table de la CEDEAO », affirme James Victor Gbeho
Le président de la commission de la communauté économique des Etats de l’Afrique (CEDEAO), James Victor Gbeho a réaffirmé mardi que « l’option militaire est toujours sur la table » de son organisation pour la résolution de la crise post électorale qui secoue la Côte d’Ivoire depuis la présidentielle du 28 novembre, marquée par un bicéphalisme au sommet de l’Etat.
« Il ne fait aucun doute que la position de la Cédéao est que, si l`exploitation de la voie pacifique est infructueuse, alors l`option militaire peut aussi être considérée comme un moyen de résoudre de façon durable la crise en Côte d’Ivoire », a estimé le président de la commission de la CEDEAO basée au Nigeria.
Le Premier ministre kényan, Raila Odinga, accompagné des présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), mandatés par la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao), ont rencontré lundi séparément les deux protagonistes.
Ils avaient pour mission de convaincre Laurent Gbagbo à de céder pacifiquement le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le président légitime, élu démocratiquement à l’issue de la présidentielle du 28 décembre dernier.
Le 24 décembre dernier, la CEDEAO s’était déjà réservée le droit de faire usage de la « force légitime » pour faire partir M. Gbagbo du pouvoir.
Après l’échec de la dernière médiation de la CEDEAO - Gbagbo toujours sous la menace de la force militaire
La CEDEAO n’a pas changé son fusil d’épaule dans la crise ivoirienne. Hier à Abuja, le président en exercice de l’organisation sous-régionale a maintenu la menace d’une intervention militaire en Côte d’Ivoire si Gbagbo ne cède pas pacifiquement le pouvoir à Alassane Ouattara que le peuple ivoirien a élu à plus de 54%. Cette déclaration de Jonathan Goodluck fait suite à la mission des quatre émissaires de la CEDEAO et de l’UA sur les bords de la lagune Ebrié le lundi dernier. En effet, comme promis, les émissaires de la CEDEAO et de l’UA sont revenus rencontrer, avant-hier, le Président élu de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara et le néo-dictateur africain qui veut confisquer un pouvoir qu’il a perdu dans les urnes, Laurent Gbagbo. Naturellement et comme il fallait s’y attendre, la démarche des quatre envoyés n’a pas produit les effets escomptés. Gbagbo, à qui le Premier ministre kenyan, Raila Odinga, les présidents Pedro Pires (Cap-Vert), Yayi Boni (Bénin) et Koroma Ernest (Sierra-Léone) sont venus lui demander de rendre le pouvoir à Alassane Ouattara et de se retirer, est resté campé sur sa position. «Niet !», a répondu l’ancien chef d’Etat ivoirien qui a adopté sa stratégie préférée. La roublardise, le dilatoire et la distraction. Faisant semblant de donner une chance au dialogue ( ?), Gbagbo propose de rencontrer le Président Ouattara sans conditions et sans préalable. C'est-à-dire, en clair, qu’il dit vouloir négocier pacifiquement avec le vainqueur des élections tout en étant le chef de l’Exécutif. Pour lui proposer quoi ? Un poste de vice-président ? Refus catégorique du camp du président élu. Pas question de négocier avec Gbagbo Laurent tant que ce dernier ne quitte pas le pouvoir. Le rubicond est franchi et la CEDEAO doit prendre ses responsabilités. Hier à Abuja, les émissaires sont allés faire le point au président Nigérian, Jonathan Goodluck. Ils ont expliqué au président en exercice de la CEDEAO qu’ils ne sont pas sortis du cadre de leur mission et qu’ils ont clairement expliqué à Gbagbo la position de la CEDEAO.
Le Premier ministre kényan, Raila Odinga, médiateur de l`Union africaine dans la crise ivoirienne, a dit mardi avoir averti Laurent Gbagbo qu`une "solution kényane" de partage du pouvoir entre rivaux politiques n`était pas envisageable en Côte d`Ivoire. En tout et pour tout, Gbagbo a donné son accord de lever le blocus du Golf Hôtel où est retranché le Président élu depuis sa victoire au second tour de la présidentielle le 28 novembre dernier. Et s’est dit disposé pour une rencontre sans conditions et sans préalable avec le président Ouattara. Mais ce dernier refuse toujours de céder le pouvoir et assure qu’il ne «cédera pas aux pressions». Voilà qui met la CEDEAO dans la position départ. Même si dans les coulisses de l’organisation on parle d’une nouvelle mission, tout le monde sait que la négociation n’aboutira pas. C’est certainement pour cette raison que le président Jonathan Goodluck s’est voulu on ne peut plus clair. Il a réaffirmé la résolution de la CEDEAO d'évincer le président sortant par la force légitime si ce dernier échoue à céder le pouvoir de façon pacifique. Vu la tournure des événements, il est plus que probable que l’option militaire ne soit la seule alternative qui reste à la CEDEAO. D’ailleurs les chefs d’Etat Major de la CEDEAO ont déjà confié l’Etat Major de cette force au Nigeria qui sera secondé par le Burkina Faso. Le squelette étant déjà dessiné, le reste n’est plus qu’une question de jours.
Koné Lassiné
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