On ne l’avait plus entendu depuis le 16 décembre 2009 lorsqu’il était sorti du bois pour annoncer sur les ondes de RFI (Radio France Internationale) qu’il refusait de porter le chapeau des massacres et autres violations des droits humains commis le 28 septembre de la même année au stade de Conakry. Mais voilà qu’hier, 12 janvier 2011, le lieutenant Toumba Diakité, l’ancien aide de camp du chef de la junte guinéenne d’alors, le capitaine Moussa Dadis Camara, s’est de nouveau exprimé sur les ondes de « la radio mondiale ».
De cette deuxième sortie médiatique on retient principalement que l’homme qui a attenté à la vie de Dadis souhaite ardemment retourner dans son pays et ne plus être inquiété par la justice guinéenne. Pour cela, il demande que les nouvelles autorités de la Guinée passent l’éponge sur son passé à travers un mécanisme d’amnistie.
Le problème, si problème il y a, c’est qu’au même moment, son ennemi juré, son ancien patron, venu du Maroc pour achever sa convalescence à Ouagadougou, manifeste aussi depuis un bout de temps le désir de regagner le bercail. Autrement dit, le bourreau et la victime demandent à rentrer à la maison.
Si Conakry accédait à leur requête, on créerait alors les conditions optimales pour une rencontre fatale entre deux duellistes, entre deux personnes qui ont toutes les raisons de se détester à mort. Un face-à-face fortuit entre les deux hommes au détour d’une rue pourrait suffire à déclencher un incendie. Sans oublier que, par personnes interposées, leurs sbires notamment, les deux « bandits chefs » pourraient se livrer une véritable guerre de gang. Ce n’est pas seulement de la fiction…
D’ailleurs, avant-hier au micro d’Olivier Roger, Toumba n’a-t-il pas, à propos de Dadis, déclaré sur un air martial que : « celui qui se met sur mon chemin me trouvera ? » Une déclaration malheureuse qui prouve à souhait que l’ancien bouillant lieutenant ne s’est pas du tout assagi avec le temps. A moins que Conakry ne veuille prendre un risque inconsidéré, le moment n’est pas encore venu de permettre aux deux anciens camarades de se croiser.
Cette interview de Toumba Diakité a été diffusée au moment où le nouveau président, Alpha Condé, vient de promouvoir certains membres de l’ex-junte. Parler sur RFI serait-il une façon pour l’adversaire de Dadis de se signaler auprès des nouvelles autorités afin qu’elles n’oublient pas de lui tendre la main… ?
Toumba est fondé à le faire, d’autant plus que, quelque part, à y regarder de près, il est une sorte de messie, un adjuvant de la démocratie guinéenne. Il est vrai que sans sa balle traçante du 3 décembre 2009, la démocratie aurait certainement eu du plomb dans l’aile avec notamment un chef de junte qui était décidé à troquer le treillis contre le costume, pardon, le boubou dont raffolent les hommes politiques de ce pays.
Ainsi, pour service rendu à la Nation, le tombeur de Dadis espère que la patrie lui sera reconnaissante en ne lui créant pas d’ennuis judiciaires, lui qui a permis de rectifier la trajectoire que prenait le patron de la junte et permis un vite retour de la Guinée à une vie constitutionnelle normale.
San Evariste Barro
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