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vendredi 13 janvier 2012

Thierno Kéïta, Directeur technique de la société Hyperdynamics: « On a pu faire la détection du gaz au fond de la mer. C’est vrai. Mais nous, nous cherchons le pétrole »

Aminata.com a rencontré le directeur technique de la société Hyperdynamics, qui a officiellement lancé les opérations de forage du pétrole sur les côtes guinéennes en octobre dernier. Dans les moindres détails, ce chercheur la pétrochimie revient sur les avancées et les réalisations sur le terrain. Dr Thierno Kéïtat fait également mention des obstacles rencontrés jusqu’ici et énumère des solutions pour l’obtention de l’or noir en Guinée. D’autres questions liées au gaz et à l’environnement tout comme les rapports de la société et l’Etat ont également été abordées dans cet entretien à bâton rompu. Lisez…
Aminata.com :Peut-on savoir comment sont rapports avec le Gouvernement Guinéen depuis le démarrage de vos travaux de forage ?
Dr Thierno Kéïta : Nous travaillons avec le Gouvernement Guinéen en parfaite harmonie. Comme vous le savez le jour que nous avons commencé le forage le 2 octobre 2011, le Gouvernement était représenté par une forte délégation conduite par le Premier Ministre. Ils ont visité le plateau, ils savent ce que cela représente pour la Guinée et ils sont repartis satisfaits. Donc pour nous il n’y a aucun problème particulier avec le Gouvernement Guinéen. Seulement on nous demande d'aller vite car tout le monde nous attend. L’Etat est témoin de tout ce que nous faisons. Des cadres l’OGRPP sont régulièrement présents pendant toute la campagne que nous effectuons. Des cadres de ce service font le relais par deux sur nos bateaux de forage et sismique.
Aminata.com : Concrètement, à quand peut-on avoir le premier baril de pétrole Guinéen?
Dr Thierno Kéïta : C'est Dieu qui le sait. Tout ce que je sais, nous avons beaucoup travaillé dans ce sens et les travaux avancent à grands pas. Nous avons 80 mille km2 en mer, il faut un tuyau qui fait à peu près 30 cm de diamètre pur descendre dans le pétrole sur 80 mille m2. On est à 133m de la côte. C'est pas n'importe quoi qu'on peut utiliser si ce n'est la géoscience. Donc on utilise tout ce qui est science exacte pour savoir où creuser et comment.
Et pour cela, il y a des critères qu'il faut respecter. Il y a des roches qui sont incompatibles avec le pétrole comme le diamant, l'or, la bauxite et les roches sédimentaires. Et ils ont une épaisseur sédimentaire de plus de 12 km. C'est autant dire qu'on est encore très loin. …C'est un milieu aquatique où il n y a pas d'oxygène. Le processus est trop long. Car il y a une roche mère, une migration primaire, secondaire, la perméabilité qu'il faut tenir compte, voilà autant de détail qu’il faut connaître…
Aminata.com : Est ce qu'on peut savoir à combien de mètres vous êtes en ce moment dans le forage ?
Dr Thierno Kéïta :En donnant le nombre de mètres, on peut estimer combien de temps il faut pour sortir. Donc on peut s'abstenir pour le moment de le dire. Quant vous aurez les résultats, vous aurez tous ces détails.
Aminata.com : Est ce que tous les deux forages sont en cours de réalisation en ce moment?
Dr Thierno Kéïta : On est sur le premier. Comme je vous ai dit tantôt c'est la géoscience. Mais nous on est content de ce que nous constatons et on va y aller. (…)La nature est compliquée. Il peut y avoir des moments où ça change et dès qu'il y a changement, ça ne passe plus comme prévu. Il ya des casernes produites par la mer qui bloquent la progression des travaux. Parfois l'air que vous pompez est perdu. Mais il y a des techniques pour s'en sortir. Mais il y a beaucoup de problèmes dans ce genre de travail.
Aminata.com : Vous avez commencé le forage depuis octobre, combien de fois vous avez rencontré de problèmes de ce genre?
Dr Thierno Kéïta : Plusieurs fois. C'est pourquoi il y a eu du retard. Il faut calculer, creuser par ci et corriger par là. En 1977, lorsqu'on faisait la prospection pour la première fois en Guinée, j'étais encore le Directeur. Il nous est arrivé une fois à aller à 150m de profondeur. On est bloqué et on était obligé de déplacer le bateau. Mais avec les nouvelles techniques, on a toujours des solutions pratiques. Nous avons des robots télécommandés à partir des ordinateurs. Nous avons introduit des techniques très poussées pour éviter ce qui était arrivé dans le Golf de Mexique.
Aminata.com : Et les dépenses, vous êtes à quel niveau?
Dr Thierno Kéïta : Actuellement, nous dépensons un million de dollars par jour. Vous voyez donc nous sommes pressés plus que n'importe qui. Je vous ai expliqué plus haut. Les systèmes pétroliers existent. Mais les dépenses effectuées jusque-là sont énormes. On a fait 18 prospects ...et nous allons vers là-bas. Voyez-vous, nous avons trois bateaux de liaison plus celui principal avec plus de 200 personnes de plus de 40 nationalités qui y travaillent pour 39 contrats. Ils fonctionnent tous en même temps. Donc c'est à coût de millions de dollars. Mais il faut y aller quelque soit la profondeur. Actuellement, nous avons 5 bateaux au large en tout et nous misons sur au moins 18 forages. Et les résultats ont montré la présence de la roche mère à tous ces endroits. Et le premier trou, l’objectif se trouve à plus de 3600 m. les équipes travaillent 24h/24, 7jours/7 avec 2 hélicoptères de support et 3 bateaux de liaison et un bateau principal pour le forage en cours. Depuis 40 ans, je fais les recherches sur le pétrole guinéen. La vérité, il est là mais c’est à coup de millions de dollars avec des risques 100%.
Aminata.com : Au départ pourtant, vous aviez annoncé 2 mois de forage pour sortir l’or noir?
Dr Thierno Kéïta : Vous pouvez miser sur deux mois, trois mois, mais quand vous commencez, vous trouvez autre chose puisque les données peuvent changer. Mais l’objectif est d’y arriver même après un an. L’échographie de la terre ou la sismique à trois dimensions est une technique très avancée qui vous permet de d’évaluer vos chances de succès. Lorsque nous faisions le 1er puis en 74 (c’était avec 0,7% avec 35 millions $ investis), la probabilité était nettement plus faible que maintenant (30%). En dehors du bateau de forage, nous avons un autre qui fait la sismique à trois dimensions dans les eaux profondes à 2500 m et il escorté par deux autres bateaux. Et nous travaillons sur 4000 km2. Et là-bas aussi, nous ferons le forage. Ce qui fait en tout 7 bateaux en mer et deux hélicoptères gros porteurs qui tournent régulièrement.
Aminata.com : Qu’est ce que voulez dire réellement ?
Dr Thierno Kéïta :Non, je veux simplement vous souligner que la statistique pour qu’un seul forage donne du pétrole est très rare dans le monde. En 1977, il fallait 125 forages pour qu’un donne. Actuellement, les techniques ont beaucoup évolué. A 4000 m par exemple, c’est gaz que vous avez.
Aminata.com : Selon certaines informations, la Guinée disposerait une plus grande réserve de gaz en Afrique. En tant que chercheur, est ce que vous confirmez cette information ?
Dr Thierno Kéïta :Vous savez, c’est la géostatistique. En attendant de finir les forages, …il y a des données très confiantes. Et je dirais même oui, c’est vrai. Avec la télédétection et d’autres techniques, l’information a été vérifiée. On a pu faire la détection du gaz au fond de la mer. C’est vrai. Mais nous, nous cherchons le pétrole.
Aminata.com : Pour certains, vous avez déjà commencé à pomper le pétrole, qu’est ce que vous les répondez ?
Dr Thierno Kéïta : Même en 1977, des guinéens sont venus dire au Président Sékou Touré, que nous pompions le pétrole pour l’exporter par sous-marin vers les USA. Mais ce que je peux vous dire, si le pétrole sort, vous ne pouvez pas le cacher. Puisque tout le monde sera content, la société, l’Etat, les populations, …la bourse, tes valeurs grimpent et c’est l’argent qui tombe. Et nous sommes beaucoup plus pressés que l’Etat même. Et je vous dis une chose, le jour où le pétrole sort, ce sont le Chef de l’Etat et le PDG de notre société, qui seront habilités à faire l’annonce. Et personne d’autre.
Aminata.com : Que dire de la protection de l’environnement ?
Dr Thierno Kéïta :Toutes les dimensions sont prises à ce niveau. Avant de commence un forage, toutes les études environnementales et sociales doivent être faites et soumises à l’Etat pour l’obtention de l’autorisation. Et je vous dis que nous avons trois domaines d’intervention. Pollution mineure, moyenne et majeure. Mais à chaque étape, des dispositions pratiques sont prévues et sont applicables sur le champ. Donc il n’ya aucun souci à se faire.
Aminata.com : Concrètement Docteur, est-ce que vous confirmez l’apparition de la 1ère goutte de pétrole cette année ?
Dr Thierno Kéïta :Vous savez, l’homme propose, Dieu dispose. Mais il y a la technique sur la place, les moyens financiers, la volonté et tout ce qu’il faut pour y arriver.
En 2012, j’aurais au moins deux à trois forages. J’avais misé pour le 31 décembre mais la nature a décidé autrement et nous continuons. Ce qui est sûr, nous avons la détermination d’aller jusqu’au bout et de surmonter tous les obstacles. C’est évident avec cet engagement, nous y arriverons en 2012. Et les conséquences seront de grandes portées économiques pour le pays avec d’importantes recettes pour l’Etat qui pourra engranger des ressources financières énormes et constituer même des fonds souverains comme l’Algérie et booster l’économie dans tous ses secteurs (dont l’énergie qu’on pourra exporter) et créer des milliers d’emplois.
Aminata.com : Quels sont vos rapports avec le projet de raffinerie de Boffa ?
Dr Thierno Kéïta :Je ne les connais pas, ils n’ont rien à voir avec nous mais ce sont des gens à féliciter, à soutenir et à encourager. Vous savez, la Guinée est un grand marché en devenir et la place des raffineries sera très importante dans notre économie et même de la sous région. Puisque nous par exemple, si nous produisons le pétrole, ce sera le baril que vous ne verrez même pas. Il sera exporté directement à partir de la mer. Mais s’il y a déjà une raffinerie, il sera traité ici pour le marché local et sous régional. De même, ils peuvent importer le brut et le transformer sur place. Vous avez tous les pays limitrophes et même le Nigeria qui n’a pas assez de raffineries et la Guinée disposera d’une véritable industrie minière.
Et ce que l’Etat doit faire c’est d’éviter de prendre les risques ou de penser à la nationalisation. Ce serait très grave. J’entends déjà des gens critiquer. Mais ils ne savent pas ce qui se passe. C’est de gros risques que même l’Etat ne peut se permettre de prendre et si quelqu’un investit, il faut le soutenir, l’encourager et protéger son capital. C’est pour le bien du pays.
Entretien réalisé le mercredi 11 janvier 2012 par Baldé Abdallah avec le décryptage de Bah I.Gallé pour Aminata.com btement, aller cidune valis
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