Les populations de la Guinée forestière, notamment celles de la ville de N'Zérékoré et ses périphéries ont entrepris de sceller des pactes de "non agression" entre autochtones et allogènes en vue de chasser à jamais le spectre de la guerre tribale de cette zone, qui fut le théâtre de violences intercommunautaires, a-t-on appris mercredi de sources concordantes. Des cérémonies ont lieu à cet effet sous la présidence des chefs respectifs de ces communautés, en plus des autochtones Guerzés et des allogènes Koniankés, d'autres communautés allogènes dont les Peuls ont aussi adhéré à cette démarche destinée à pacifier la région. La signature de ces pactes de "non agression" a lieu pendant que la vie est en train de reprendre son cours normal dans cette province où vivent près de 500 mille âmes, dont la plupart de l'agriculture. Les stations services ont ouvert depuis lundi ainsi que les banques primaires présentes dans la ville. Ce qui a permis aux populations de reprendre en partie leurs activités, par l'ouverture des commerces. A cela il faut ajouter que la délégation gouvernementale conduite par le ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation Dr Alhassane a achevé sa mission mardi à N'Zérékoré, par un meeting de sensibilisation des populations, afin de les amener à enterrer la hache de guerre, après les violences meurtrières qui ont été enregistrées dans cette région sud de la Guinée du 15 au 17 juillet dernier. Cette mission qui comprenait également le ministre de la Communication Togba Césaire, a effectué des tournées dans les différents quartiers de la ville de N'Zérékoré et dans les localités environnantes. Sur le terrain pendant que les Organisations humanitaires s'activent pour assister les sinistrés enregistrés lors de ces violences, et dont le nombre fourni officiellement par le Service national des actions humanitaires (SENAH) est de 15 mille, les services de sécurité sont en action, en vue d'interpeller les personnes ayant trempé dans ces incidents meurtriers.
L'assistance à ces personnes qui ont pour la plupart trouvé refuge au camp Béhanzin de N'Zérékoré et dans l'enceinte de l'hôpital régional de la ville va porter sur des distributions de vivres et de couverts, selon nos sources.
Quant aux personnes arrêtées, aucun bilan n'a été diffusé par le gouvernement à ce jour. Ils devront faire face à la justice comme l'a promis le président Alpha Condé dans un discours laconique prononcé au lendemain de ces violences, il avait en effet déploré ces violences et appelé les populations à observer le calme.
Dans le même ordre d'idée, le ministre des Droits de l'Homme et des Libertés publiques Kalifa Gassama Diaby a, dans une déclaration rendue publique suite à ces violences, souligné le fait qu'il revenait à "l'Etat de garantir la sécurité et la justice pour tous ses citoyens et sur toute l'étendue du territoire national".
Le ministre tout en exhortant ses compatriotes au calme a mentionné ceci : "Nous devons absolument traduire dans les faits ces principes indispensables pour l'établissement d'un État de droit et d'une société de justice et de paix. Sans quoi, la parole publique et politique est en train de perdre définitivement tout crédit aux yeux de nos concitoyens".
"Sans une confiance des citoyens aux institutions publiques et à la parole publique, il n'y aura point de démocratie, ni paix sociale", a-t-il conclu.
La crise qui sévit en Guinée forestière a mis en branle toutes les organisations opérant dans la défense des droits de l'Homme au niveau locale. Toutes réclament une enquête sérieuse sur ce qui s'est passé dans cette région, qui a déjà connu d'autres incidents de ce type.
Comme ce fut le cas en 1991, lorsque des incidents pré- électoraux se sont transformés en affrontements intercommunautaires.
A l'époque, les violences qui avaient opposé autochtones et allogènes à la veille d'une élection communale, avait fait près de 200 morts selon des sources officielles. Mais les enquêtes qui avaient été diligentées sur ces violences par les autorités de l'époque n'avaient pas été rendues publiques.
Cette fois, le gouvernement entend y mettre plus de sérieux pour que les auteurs et autres commanditaires de ces violences soient confondus devant la justice.
Xinhua
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