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mercredi 17 juillet 2013

Guinée : 16 morts et 80 blessés dans des violences inter-ethniques

"Les violences enregistrées depuis lundi à Koulé, puis à N'Zérékoré (à 40 km au sud), ont fait 16 morts et quelques 80 blessés", a annoncé à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Albert Damatang Camara. "Les forces de l'ordre ont été déployées en masse et la situation est en voie de normalisation" à N'Zérékoré, a-t-il ajouté. Mais dans le même temps, il a précisé que les violences inter-ethniques avaient atteint la ville de Beyla, à une centaine de km au nord de N'Zérékoré, non loin de la frontière ivoirienne. M. Camara a également affirmé que "deux églises et une mosquée" avaient été incendiées à N'Zérékoré lors de ces violences. Dans une déclaration à la Nation, le président guinéen Alpha Condé a appelé "les populations au calme", affirmant que "toutes les dispositions" avaient été prises "pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens". "Dans un Etat de droit, les citoyens ne doivent pas se rendre justice eux-mêmes. Il faut faire confiance à nos traditions et à la justice de notre pays", a-t-il ajouté, invitant les Guinéens "à demeurer unis et éviter qu'un esprit de division ne gagne nos communautés qui n'aspirent qu'à vivre ensemble dans la paix, la concorde et la sérénité". Interrogé par l'AFP depuis Conakry, un médecin de N'Zérékoré, François Lamah, a affirmé que parmi les morts et les blessés, "certains sont brûlés vifs, alors que d'autres sont découpés à la machette". "Nous n'avons pas la possibilité de gérer cette situation qui nous dépasse", a-t-il-ajouté. Le correspondant de la radio d'Etat guinéenne RTG à N'Zérékoré a pour sa part déclaré qu'on ne saurait "peut-être jamais le nombre de personnes tuées dans ces affrontements, parce que des corps de gens découpés à la machette ne sont pas (transportés) à l'hôpital". Selon ces différentes sources, les violences entre des Guerzé (ethnie majoritaire dans la région) et des Konianké, se sont poursuivies lundi et mardi, en dépit d'un couvre-feu décrété par le préfet de N'Zérékoré, Aboubacar Mboup Camara.
Pour tenter de calmer les esprits, le gouvernement a envoyé sur place les colonels de l'armée Moussa Tiègboro Camara, directeur de l'Agence nationale de lutte contre la drogue et le crime organisé - rattachée à la présidence de la République - et Claude Pivi, chargé de la sécurité d'Alpha Condé, indique-t-on de source sécuritaire.
"Nous allons en finir avec les Konianké"
Les colonels Camara et Pivi sont tous deux originaires de cette région, appelée Guinée forestière, et appartiennent aux deux ethnies qui s'affrontent: le premier est konianké, le second guerzé, ethnie originaire de la région.
Les violences ont débuté dans la nuit de dimanche à lundi à Koulé où trois jeunes Konianké ont été battus et torturés par des gardiens d'une station-service qui les avaient pris pour des voleurs. Deux d'entre eux sont morts quelques heures plus tard des suites de leurs blessures, selon une source policière.Des Konianké ayant appris la nouvelle s'en sont à pris à des Guerzé à Koulé, puis à N'Zérékoré.
Les différentes sources interrogées par l'AFP ont indiqué que les deux communautés s'affrontaient à l'aide de coupe-coupe, haches, pierres et bâtons, mais aussi d'armes à feu. Le feu a également été utilisé pour brûler des victimes, ainsi que leurs domiciles et/ou leurs véhicules.
Le "patriarche" des Guerzé, Molou Holamou Azaly Zogbélémou, chef des notables de cette communauté pour toute la Guinée forestière, fait partie des blessés et a été hospitalisé lundi, selon le préfet. "Les manifestants konianké ont également mis le feu à son domicile et à son véhicule", a-t-il ajouté.
"Nous allons en finir cette fois avec les Konianké qui nous ont envahis et qui ont battu et incendié le domicile du patriarche de la ville et guide spirituel des Guerzé Azaly Zogbélémou", a affirmé un habitant de N'Zérékoré interrogé par l'AFP.
"Ce sera pire qu'en 1991", a-t-il ajouté. "Cette année-là les affrontements entre les deux communautés avaient fait plus de 200 morts", a-t-il rappelé.
Les Guerzé, qu'on retrouve dans d'autres pays de la région, dont la Côte d'Ivoire et le Liberia, sont essentiellement chrétiens ou animistes. Les Konianké, essentiellement musulmans, sont des allogènes, venus d'autres régions que la Guinée forestière.
La Guinée compte une trentaine d'ethnies, dont certaines ont des relations souvent complexes qui ont déjà dégénéré en violences dans le passé.
Conakry 2013 AFP

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