PARIS, 12 juin 2013 (AFP) - La Commission électorale nationale indépendante (CENI) de Guinée est la seule à pouvoir décider d'un report éventuel des élections législatives prévues le 30 juin, a déclaré mercredi à Paris le président Alpha Condé, ce calendrier étant contesté par l'opposition. "Les élections ne dépendent pas de moi. Cela dépend de la CENI. C'est la CENI et les experts qui décideront de ce qu'il faut faire", a affirmé le chef de l'Etat, devant la presse, en présence d'Abdou Diouf, le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Alpha Condé était interrogé sur un éventuel report des élections.Le président guinéen a ajouté qu'il se conformerait aux décisions de la CENI et des experts envoyés par l'OIF, l'Union européenne et les Nations unies.
"Moi, je ne fais qu'appliquer la décision que la CENI prendra. C'est la CENI et les experts qui sont maîtres du jeu, ce n'est pas le président", a-t-il insisté. L'opposition guinéenne conteste la date du 30 juin pour le scrutin, fixée selon elle sans concertation et soupçonne le régime d'Alpha Condé, premier chef d'Etat démocratiquement élu en Guinée, de vouloir préparer des fraudes. Des violences ont émaillé les manifestations des opposants et au moins 12 personnes ont été tuées et 89 blessées, le 23 mai et les jours suivants.
Abdou Diouf, "vivement préoccupé", avait prôné fin mai "la retenue" et appelé pouvoir et opposition à engager sans délai un "dialogue constructif" en vue d'élections "crédibles et transparentes".
Les chefs de l'opposition et le Premier ministre guinéen Mohamed Saïd Fofana ont entamé ce dialogue le 3 juin à Conakry sous l'égide de l'émissaire de l'ONU Saïd Djinnit.
"Si le dialogue a pu avoir lieu, a déclaré Alpha Condé, c'est en très grande partie grâce à l'engagement personnel du président Diouf". "Je suis venu remercier le président de la Francophonie pour le rôle qu'elle a joué pour qu'on arrive à un dialogue".
"Nous avons besoin de la paix. La Guinée a beaucoup de retard malgré des richesses immenses et donc on a besoin de tenir des élections législatives pour que les investisseurs puissent venir", a poursuivi Alpha Condé, précisant qu'il se rendait au sommet du G8 à Dublin, les 17 et 18 juin.
Dans l'organisation des élections, l'opposition critique aussi le recours à l'opérateur sud-africain Way Mark chargé de préparer le fichier électoral, qu'elle accuse de collusion avec le pouvoir.
"L'opérateur sud-africain est venu en Guinée en juin 2010. Moi, j'ai été élu président en décembre 2010. Il est venu avec le premier président de la CENI qui est décédé, moi je n'ai jamais fait venir Way Mark", s'est défendu Alpha Condé, interrogé sur ce point.
Il a précisé avoir fait publier le contrat avec Way Mark et le chèque de paiement, signés par le premier président de la CENI. "Toute la communauté internationale dit que Way Mark est très performant", a-t-il ajouté.
Le président a assuré que techniquement, tout était prêt pour une élection sécurisée. "Tous les gens qui ont voté en 2010 pourront voter puisqu'il y a eu le transfert" du fichier électoral. "Non seulement l'élection est transparente mais c'est l'élection la plus sécurisée qu'on ait faite en Afrique", a-t-il affirmé.
Quant au vote des Guinéens de l'étranger, réclamé par l'opposition, "ce n'est pas prévu" dans la Constitution, a dit le président. "Il faut lire correctement la Constitution guinéenne. Jamais les Guinéens de l'extérieur n'ont voté aux législatives. Ils ont toujours voté aux présidentielles".
Les législatives sont attendues depuis 2011 en Guinée et ont déjà été maintes fois repoussées. Les dernières remontent à 2002.
AFP
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