Les fidèles musulmans de Guinée s’apprêtent à célébrer l’Aïd-el-fitr, fête qui marque la fin du mois de jeûne musulman, dans une situation conjoncturelle sans précédent.
Cette fête est prévue pour ce week-end, et va avoir lieu au moment où les fonctionnaires de l’administration publique et privée n’ont pas encore perçu leurs salaires. En pareille circonstance, les chefs de famille ont parfois recours aux usuriers pour des emprunts d’argent, avec un taux trop élevé.
Une pratique bien ancrée dans le mode de vie des enseignants et autres agents auxiliaires de santé disséminés à travers les provinces du pays. Comme le témoigne Gadiri Bah, professeur dans un collège de la Moyenne Guinée en séjour à Conakry, en cette période de vacances scolaires, contacté par un reporter de Xinhua.
"Avec les salaires qu’on nous octroie, il est difficile de s’en sortir lorsque nous avons une famille à nourrir. Et ce qui est déplorable c’est le retard accusé dans le paiement de ces salaires. Parfois les trésoriers ne font face à nous travailleurs de l’intérieur que vers les 15 du mois. Donc, face à une telle situation, le seul recours est l’usurier du coin", déplore notre interlocuteur.
En période de fête, la situation devient intenable, et ils sont nombreux les "pauvres" fonctionnaires qui se voient dans l’obligation de contracter une dette auprès de l’usurier, d’après les explications de Gadiri Bah.
Pour la somme de 100 mille francs guinéens soit 10 euros d’emprunt, le débiteur rembourse 125 voir 130 mille francs guinéens, soit le montant contracté majoré de plus de 25% d’intérêt. Ce vendredi, dernier jour ouvrable avant la fête du ramadan, les rues de la capitale guinéenne grouillent de monde, tous ayant l’air afféré. L’ambiance de fête est perceptible. Les salons de couture sont bondés de clients ainsi que les salons de coiffure féminine. Ces derniers avaient dû fermer durant les trois premières semaines du mois de jeûne, faute de clientèle.
Car durant le ramadan, les femmes de confession musulmane se gardent de se faire belles. Se contentant du strict minimum en termes de toilette corporelle.
La clientèle qui afflue dans les salons de couture et de coiffure est composée quasiment d’adolescents et de jeunes filles. Les parents préférant se priver pour offrir des tenues de fêtes à leurs enfants. Conjoncture économique oblige.
En plus des habits de fête pour les enfants, il faut surtout penser au repas de fête. Et là les choses se compliquent vu que le poisson et la viande sont inaccessibles aux maigres bourses. Ce, malgré les efforts consentis par le gouvernement guinéen dans la sensibilisation des poissonniers et des bouchers.
Le carton de poisson de 50 kilogrammes vendu officiellement à 260 mille francs guinéens soit 26 euros se retrouvent à près de 300 mille francs guinéens soit 30 euros sur les marchés.
A cause de la spéculation qui entoure les produits alimentaires en cette période de ramadan, durant laquelle la consommation des ménages connaît une forte hausse.
Les bouchers eux aussi sont restés sourds à l’appel des autorités fixant le kilogramme de viande à 27 500 francs guinéens.
Autant de difficultés pour le fidèle musulman de Guinée qui doit affronter la fête de l’Aïd-el-fitr dans la vraie galère.
Xinhuanet
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