Les
nuages s’amoncellent dans le ciel guinéen. Puisque chaque jour qui
passe apporte son lot de problèmes. Et, plus on s’approche du bout du
tunnel, plus il s’en éloigne si fait que l’on se demande, toutes
proportions gardées, si le pays ne va pas à vau-l’eau. En effet, cela
fait maintenant plus de trois ans que la Guinée, le pays de Sékou Touré,
fonctionne sans parlement, donc sans contre-pouvoir réel, alors qu’elle
est gouvernée par un président démocratiquement élu, le Pr Alpha Condé.
L’opposition et le pouvoir s’étripent sur un certain nombre de points
dont le choix de l’opérateur devant établir un fichier électoral fiable
et le vote des Guinéens de l’étranger, sans oublier le choix de la date
même du scrutin qui cristallise les attentions.
Quelle thérapie faut-il donc pour aider la Guinée à sortir in fine de
l’apoplexie sociopolitique, est-on tenté de se demander ? La question
vaut son pesant d’or puisque toutes les fois qu’il y a accalmie en
Guinée, cela préfigure de lendemains incertains. Car, à bien des marches
pacifiques de l’opposition, se sont succédé des manifestations
violentes qui ont même laissé des morts sur le carreau, sans compter les
nombreuses personnes qui ont été interpellées. Et on pensait que la
grâce accordée à certains détenus politiques par le président Condé
allait permettre une décrispation du climat politique en Guinée.
Puisqu’on y voyait un gage de bonne volonté de la part du président
Condé de détendre l’atmosphère.
Que nenni ! Non seulement, l’opposition a boycotté la rencontre
qu’avait convoquée le pouvoir afin de discuter avec l’ensemble de la
classe politique sur la transparence du processus électoral, mais aussi,
elle a décidé de ne pas faire acte de candidatures. Pourtant, la date
butoir pour le dépôt des candidatures a expiré le 20 mai dernier. Que
veut réellement l’opposition guinéenne ? L’histoire nous enseigne
pourtant que la politique de la chaise vide a toujours été une mauvaise
stratégie de combat. « Mieux vaut une chaise vidée qu’une chaise vide »,
s’écriait si sagement le Pr Joseph Ki-Zerbo à l’époque. Car, refuser de
prendre part à une élection, pour une raison ou pour une autre, c’est
ouvrir un boulevard au pouvoir en place, qui n’en demandait pas plus. Il
vaut mieux affronter Condé dans les urnes que de passer le temps à ruer
dans les brancards.
Car, à force de s’acharner contre quelqu’un, on finit par le rendre
sympathique aux yeux de l’opinion publique. Loin de nous l’idée de
vouloir donner un blanc-seing au président Condé qui, selon toute
vraisemblance, redoute la tenue des législatives, mais on a aussi la
fâcheuse impression que l’opposition guinéenne en fait un peu trop.
Pourquoi avoir boycotté une rencontre qui, plus est, avait pour but
d’échanger sur la transparence du processus, chose qu’elle-même réclame
d’ailleurs ? Ou bien a-t-elle un agenda caché ? Rien n’est moins sûr.
Tout laisse croire que l’opposition joue la carte du pourrissement
pour qu’intervienne un troisième larron qui mettra fin au pouvoir de
Condé. Ce qui est loin d’être une démarche démocratique, surtout quand
on sait que la Guinée a connu une longue tradition de coups d’Etat
depuis son accession à l’indépendance. De toute évidence, il faudra bien
qu’un jour, les Guinéens acceptent de se surpasser dans l’intérêt
supérieur de leur nation, en transcendant leurs clivages de tout acabit.
C’est la seule voie pour eux d’éviter le chaos qui se profile à
l’horizon.
Le Pays
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