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mardi 14 mai 2013

Témoignage : Vu…de l’intérieur des marches dites pacifiques .

Les manifestations dites pacifiques n’en sont pas. Pire, tout porte à croire que les violences qui les accompagnent ne sont pas spontanées. Pour s’en convaincre, lisez ce témoignage d’un journaliste* travaillant pour la presse étrangère et qui, le plus souvent, est dans le feu de l’action. Edifiant.
ça sent l'alcool!
Carrefour concasseur, 25 avril dernier. Les forces de l'ordre se sont retirées de tous les autres points habituels de postes de contrôle. Une unité de gendarmes et de policiers est maintenue au siège du RPG à Hamdallaye. Les jeunes forment des ilots de présence devant quelques boutiques, habitations et la station-service Total. Cellou Dalein vient de passer. Tout change. La masse s'étoffe au fil des minutes. Les radios jouent un grand rôle dans la mobilisation. Apparemment les comptes rendus en direct encouragent les indécis à se joindre à la marche. Les antennes des transistors sont visibles partout. "Cellou est à Bambeto" annonce la radio. Les femmes entonnent les premières chansons à l'autre bout de la rue. Les enfants commencent à se déverser dans la rue. Ils commencent à titiller les agents de sécurité autour du siège du parti au pouvoir. Des folies verbales s'expriment. Le nom du président et de son parti sont dans chaque phrase. Des insolences les accompagnent. C'est la liberté, le défoulement. L'impuissance du président à résoudre en deux ans les préoccupations primaires des Guinéens est montée en épingle. Pour la foule, Alpha Condé est l'auteur des 7 péchés originels de la République. La raison n'a pas sa place ici. La masse est devenue compacte. Je me crois dans un bar. L’odeur de l’alcool est saisissante et étourdissante. Il file entre les doigts une fumée qui n’est forcément pas celle d’une cigarette ordinaire. Cela se fait devant les longues barbes des vieux en caftan court. Ils affichent une indifférence qui ressemble à une caution à ces actes. Des jeunes et enfants surexcités pour qui toute âme sensible a de la compassion.
Les gosses prononcent des mots graves dont ils ne mesurent pas les poids. Certains donnent le sentiment d'apprendre à insulter et stigmatiser. Ils sont nombreux et semblent s'amuser dans la rue. Un moment de liberté et de folie d'enfance pour eux. Ce jour, j'ai eu l'impression que les parents, dans la foule pour certains, sont moins stricts sur les conduites à tenir. Les jeunes filles aussi sont là. En culotte ou en pantalon jean serré, elles marchent parfois tenues par des jeunes qui veillent sur elles, certaines sont sur des motos.
Le journaliste vient tôt pour se chercher des ‘‘amis’’
Dans cette foule de plus en plus compacte, il y a des jeunes qui invectivent les forces de sécurité. Ce sont des caïds du secteur. Ils ont leurs hommes à des points stratégiques. Ils organisent de petits réseaux, donnent des instructions, reçoivent des coups de fil, crient, montent et descendent. Les hommes agités leur obéissent. A n'en pas douter, ce sont des seigneurs de la terreur. Selon certaines indiscrétions, ils sont des grands bandits connus dans le secteur. A la faveur des marches, ceux qui les connaissent sont rassurés par leur présence. En cas de danger, ils sont capables d'organiser la résistance. Certains journalistes jouent bien le jeu. Pour opérer en toute tranquillité dans ce "domaine de non droit", ils viennent tôt pour comprendre la sociolgie du secteur, identifier les réseaux influents et établir une complicité de circonstance.
A la phase cruciale de la marche la stratégie marche. Le cortège des leaders est annoncé. Les pas s'accélèrent. L'on se bouscule! Certains ralentissent le pas au niveau du siège du RPG. Des accusations fusent: "il y a des loubards cachés devant". Des gestes et injures verbales sont adressés aux agents. Quelques minutes après, le premier jet de pierres commence (les pierres selon nos enquêtes sont amassées dès l’aube par des femmes et vieilles personnes ‘’recrutées’’ à cet effet, NDLR). Une pluie de projectiles est lancée. Notre réseau d'amis nous met à l'abri. Les agents de sécurité réagissent par gaz lacrymogène. La foule recule et se reconstitue aussitôt. Des frondes sortent de la foule. On jure de détruire le siège du RPG. Les agents chargent à nouveau. La foule comprend leur hésitation et fonce à nouveau. En un mouvement quatre actions, les agents changent de stratégie ils montent dans leurs véhicules et se dirigent vers les jeunes manifestants déchaînés. C'est la débandade. Un jeune est heurté par le véhicule militaire. L'évacuation est rapide. La foule est davantage excitée. Des policiers paniquent. Des crépitements d'armes automatiques sont entendus. La sécurité commence à reprendre le contrôle. Tout le monde cherche sa voie dans le quartier. Le gros des protestants se retrouve au stade pour célébrer la bravoure de ceux qui ont défié les forces de sécurité. Les leaders politiques encensent les jeunes.
‘‘Je suis journaliste’’, ‘’On s’en fout’’ !
Une semaine avant, votre témoin est pris dans un piège. Nous sommes le 18 avril. L'opposition décide de marcher sur l'autoroute malgré le changement d'itinéraire imposé par les autorités. A 9h, des contre-manifestants se signalent sur la route du Niger autour de la Casse. Ils avancent dans la rue avec des tambours et esquissent des pas de danse des hommes forts. Attiré par ce que j’ai pensé être "une belle image de l'expression du pluralisme d'opinions" en Guinée, j’ouvre l'objectif de ma caméra. Waaaaa ! La foule fonce sur moi. Elle est armée de gourdins et de cravaches en caoutchouc. "Je suis journaliste", "On s'en fout’’, me rétorqua un contre-manifestant qui ajoute : ‘’Nous ne sommes pas à filmer". La caméra est retirée de force, pendant que deux à trois autres cherchaient à sauver le journaliste d'un lynchage. La caméra est conduite dans une voiture stationnée près d'une banque. A l'intérieur, un monsieur de teint noir, "c'est le chef", laisse échapper une voix dans la foule. Le monsieur examine l'outil et s'en débarrasse furtivement pour disparaitre tout de suite après. Il a sans doute compris que le journaliste trouvait son comportement suspect. Les populations riveraines volent au secours du journaliste et de sa caméra qui, du reste, portera des cassures.
Après avoir vu ‘‘ce qui se préparait’’ ce jour, je donnai raison à l'Autorité d'avoir empêché cette marche sur l'autoroute. Car je pense qu'il y aurait eu des dégâts graves ce jour, si les marcheurs étaient arrivés à la Casse.
*Le journaliste a tenu à garder l’anonymat pour ne pas ''se brouiller'' avec ses ''amis'', car les marches sont encore annoncées.
Focus de Guinee7

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