''La
démocratie est dure, mais c’est la démocratie''. En démocratie, il est
de règle, que gouvernants et opposants soient pareillement avares de la
vie des citoyens. Ils sont, des deux côtés, à n’en pas douter,
d’honorables pères et mères de famille. La logique voudrait qu’il y ait,
de part et d’autre de la ligne symbolique de séparation, un égal souci
de la paix sociale. C’est au désespoir des citoyens dont on se dispute
le suffrage, que le doute sur ces évidences a droit de cité.
En effet, à l’occasion des dernière marches, réputées pacifiques, on
ne finit pas de dénombrer les morts, les blessés et d’importants dégâts
matériels. L’imaginaire politique en Guinée, rendant incontournables ces
marches, il est devenu urgent de voler au secours des politiciens des
deux bords. La proposition que nous faisons ici, a le double avantage de
l’originalité et de l’économie (celle-ci dans son spectre le plus large
imaginable). Cette contribution étant simplement citoyenne, est à ce
titre, tout à fait gratuite. La démocratie a ses exigences ce qui fait
dire à quelqu’un : « la démocratie est dure, mais c’est la démocratie !
». Il faut donc, faire avec !
En démocratie, il est légitime et légal, que l’Opposition marche,
qu’elle marche aussi souvent et aussi longtemps qu’elle le souhaite. De
nuit comme de jour, le Gouvernement ne doit s’opposer d’aucune façon à
ce mouvement. Bien au contraire, il le favorise et, mieux ou pis, la
loi lui commande de sécuriser les marcheurs. De façon prosaïque, le
gouvernement démocrate doit laisser libre cours à toutes formes légales
d’expression de l’opinion. La marche s’inscrit parfaitement dans ce
répertoire. En Guinée, la cerise sur le gâteau (crise sur le gâteau),
ces dispositions universelles sont complétées par la loi anti casse qui
associe les marcheurs au partage des responsabilités avec les autorités
publiques, quant à la sécurité des biens et des personnes. Comme on peut
le constater, à la condition que tout soit régulier, la législation en
la matière n’a rien à envier à la démocratie la plus avancée.
Malheureusement, de la philosophie à la réalité, il y a loin de la coupe
aux lèvres. Les marches sont devenues meurtrières et ruineuses. La
violence s’est invitée au débat et semble de plus en plus, se poser en
principe, elle qui ne devrait jamais être qu’exception. Par leur
fréquence, que seule l’Opposition contrôle, leur mise en œuvre
diversement perçue et leur cortège d’inquiétude que subit tout le
peuple, les marches pacifiquement sanglantes interpellent notre génie
politique.
L’idée qui suit est sans doute, venue à d’autres qu’à moi. Je ne puis
concevoir qu’elle soit toute mienne. Naturellement, elle n’est pas à
zéro de risque. En effet, si les marches se passent pacifiquement
ailleurs et qu’avec la même étiquette, elles se passent différemment
chez nous, c’est que, quelque part, quelque chose cloche. Admirez
(mesdames et mesdemoiselles) et enviez (messieurs), la rigueur, la
finesse et le pointu de la découverte. Le génie est lâché, nul ne peut
l’arrêter.
Reprenons : « … c’est que, quelque part, quelque chose cloche ». La
pédagogie tirerait, semble-t-il, l’essentiel de ses vertus de la
répétition. Je pars du principe énoncé plus haut, que nos dirigeants et
leurs challengers ont en partage le souci de notre sécurité, de notre
vie et notre survie. A ce titre, ils sont, comme la femme de César (à
propos, César était-il vraiment polygame ?), au-dessus de tout soupçon.
Cela s’appelle un postulat.
Sans idéalisation, ne venez pas vivre en société. Il est des choses à
admettre à priori, pour donner un sens au contrat social. Nos acteurs
majeurs de la démocratie sont donc de bonne foi. Dans ce cas, je conclus
que ce qui cloche, c’est sans doute que quelqu’un est dans une danse
qui n’est pas la sienne. Mais qui ? C’est ici, que s’exprime encore
mieux mon génie (mais non ! je veux dire, notre génie national). Les
détails seront de la routine policière. Ne cherchons pas plus, puisque
c’est tout trouvé ! Portons la réflexion à son ultime conclusion. Allons
tout droit à la solution.
Nous connaissons la bravoure et la combativité de nos leaders
politiques. Il n’y a qu’à voir leur porte-parole. Il est le condensé
parfait de ses mandants. En leur nom, il s’est affranchi de la peur du
gendarme sans passer par les droits communs. J’insiste, parce que notre
solution passe par la combativité et la bravoure.
Enfin, le grand moment, la révélation : notre idée ! Imaginez sur une
courte distance, les principaux leaders se tenant par la main comme
seuls marcheurs, rien qu’eux ! Sidya suivant Cellou, Charles Pascal
Tolno après Jean Marc Telliano, Kassory précédant Kouyaté…Rien que des
leaders ! Le chef de file y sera allé de son laius préféré : « Etes-vous
prêts à mourir ? ». Sydya et son monde en direct sur la RTG, répondant
d’une voix virile.
Quel cortège impressionnant, mais aussi, quel pieds de nez pour les
petits malins qui prennent plaisir et profit du martyre des jeunes
soldats de l’axe. Mille excuses, si la proposition est indécente.
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