Conakry-La crise politique en Guinée prend des tournures et des proportions des plus inquiétantes. La violence est sur le point de se généraliser et la liste des victimes, qu’elles soient des blessés ou des morts, s’allonge dramatiquement. Une nouvelle fois, la Guinée est à un autre carrefour de sa tumultueuse histoire. Interpellés de partout et par tout le monde, les leaders politiques de tous les bords cherchent (ou feignent de chercher) les pistes de solution. Mais dans cette quête désespérée de la recette-miracle pour venir à bout du mal guinéen de ces derniers temps, l’opposition guinéenne pèche par un manque criard d’imagination. En effet, on nous annonce que l’ensemble des leaders de l’opposition se rendent à Paris pour plaider leur cause auprès des autorités françaises. Voilà qui les infantilise et qui infantilise la Guinée et toute l’Afrique avec. Démarche d’autant plus humiliante qu’elle intervient au moment même où l’Afrique tout entière, réunie autour du cinquantenaire de l’OUA, réfléchit aux voies et moyens de conquérir enfin son indépendance vraie...
Alors que certains observateurs pestent déjà contre la présence de François Hollande, de John Kerry et de tous les autres leaders du monde venus s’ingérer dans cette fête, qui devait être exclusivement entre Africains, cette attitude de Cellou Dalein Diallo, de Lansana Kouyaté et de Sidya Touré est plus qu’anachronique.
C’est cette façon d’agir de la part de certains leaders du continent qui avilit et rabaisse l’Afrique. Parce que c’est là, la preuve que l’élite africaine est la première à déconsidérer les instances africaines.
Certes, la crise guinéenne est telle qu’aujourd’hui, on ne saurait refuser que la communauté internationale s’implique dans les initiatives en faveur de son dénouement. Il n’est pas question de faire montre d’un souverainisme béat et suicidaire. Mais étant donné que nos opposants avaient jusqu’ici défié la communauté internationale, le fait de se déplacer sur Paris, ressemble, à s’y méprendre, à un ridicule mea culpa. Mais c’est là quelque chose qu’on aurait pu excuser dans la mesure où cela ne regarde que les intéressés. Et eux seuls.
Par contre, l’autre dimension-celle qui fait de la France le père, auprès de qui on se plaint, parce qu’on ne s’entend pas avec ses frères, affecte l’honneur même de la Guinée et de l’Afrique. Parce qu’elle accrédite certaines thèses que les acteurs du colonialisme avaient mises en avant pour se livrer à leur sale entreprise. Et il en découle que certaines faiblesses qui sont aujourd’hui imputées à l’Union africaine, proviennent de certains des leaders du même continent.
Si l’instance panafricaine n’a pas pu faire face de manière unitaire aux crises du monde arabe dont celle de la Libye, de la Côte d’Ivoire et tout dernièrement celle du Mali, c’est en raison d’attitudes comme celle de Cellou Dalein Diallo, de Sidya Touré, de Lansana Kouyaté et de tous les autres. Ils sont les premiers à n’accorder aucun crédit aux instances africaines et internationales, puisque le représentant de Ban Ki Moon a été quasiment ignoré par ces leaders. Ils ne leur font aucunement confiance. Pour eux, Dieu le Père, parait être la France.
Les recours leur manquent-ils à ce point, en Guinée, en Afrique, à l'UA, à l'ONU, pour venir pleurer à Paris. Si cela se confirmait, l'on peut dire que la Françafrique a de beaux jours devant elle.
Dans ces conditions, comment expliquer que François Hollande ne s’érige pas en gendarme de l’Afrique francophone ?
Qui avait dit que "l'opposition guinéenne est la plus bête d'Afrique" ?
Le président normal va affronter une situation "anormale".
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