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mardi 14 mai 2013

Rachid Ndiaye, Conseiller du Président guinéen chargé de la Communication et de la Prospective sur Télésud : « Le président souhaitait qu’il soit critiqué sur le timing des élections que sur la sincérité du scrutin… »


Télésud : Donc, les élections auront lieu le 30 juin ?
Rachid Ndiaye : Elles auront lieu le 30.

Ce n’est pas l’avis de l’opposition…

Ecoutez, la loi, c’est la loi. Sur le plan légal, le président signe le décret et j’observe que c’est la première fois qu’il signe un décret concernant les élections. Puisque, auparavant, des propositions ont été faites mais il voulait que toutes les conditions soient réunies avant que les Guinéens puissent aller à ces consultations populaires.

Donc pour vous aujourd’hui, il est possible d’organiser pour le 30 juin des élections qui ont quand même pris du temps à être organisées ?

Mais oui, techniquement, c’est tout à fait possible. Mais je vous fais savoir également que cette élection a eu lieu beaucoup plus tard que c’était prévu dans le cadre. C’était une volonté commune, parfois des uns et des autres, que toutes les aspérités figurant dans le processus électoral soient complètement surmontées. Qu’on mette en place un dialogue qui puisse permettre à l’ensemble des forces politiques d’arriver donc à des points de convergence, qui sont des éléments importants concernant le scrutin. Je crois que, comme vous le savez, le pays a eu un dialogue national qui a eu lieu pendant trois à quatre mois. Ensuite, l’opposition a estimé qu’il fallait gérer le processus pour voir beaucoup plus clair concernant la révision des listes électorales, pas donc le recensement. Tous ces éléments là étaient importants, parce que le président souhaitait beaucoup plus qu’il soit critiqué dans le timing que sur la sincérité du scrutin.

Pendant un bon bout de temps, on a considéré que la Guinée en était arrivée à son année zéro de la démocratie avec l’élection d’Alpha Condé. Mais, après, on n’a pas compris pourquoi à la suite des élections, il estimait que le fichier sur lequel il avait été élu n’était pas un bon fichier ?

Oui. En fait, les choses sont un tout petit peu différentes. C’est vrai que sur le plan du principe, c’est la première fois que la Guinée organise réellement des élections concurrentielles, libres et pluralistes. Il y a eu des scrutins avant où il y avait la pluralité, mais je ne suis pas sûr que la sincérité fût au rendez-vous. Un élément important, c’est quand même de voir que dans cette élection de 2010, le président sortant n’était pas candidat, ce qui donnait donc la chance à tous les candidats d’être sur le même pied d’égalité. Mais à l’issue de ce scrutin, je vous fais quand même remarquer en même temps qu’entre le premier tour et le second, le pays a mis six mois pour organiser l’élection présidentielle. C’est pour dire que les aspérités ne sont pas nouvelles. Ce n’est pas un problème par rapport aux législatives, c’est un problème général. Parce que, d’un commun accord, aussi bien le gouvernement, la CENI que le groupe international de contact qui parrainait ce processus, estimaient que ce n’était pas normal qu’autant de millions de personnes soient en dehors du processus électoral. Et, le scrutin a eu lieu et je crois qu’un des éléments importants, c’est de faire remarquer que l’élection du président n’a jamais été contestée par qui que ce soit. Il y a eu quelques affrontements, mais qu’on puisse à la fois dire une chose et son contraire… En même temps, la question est de savoir est-ce qu’il fallait que les élections soient brusquées ou fallait-il donner la chance à tout le monde de faire prévaloir ses revendications sur les fichiers et le processus, ainsi de suite. Ce fut un schéma ininterrompu. Donc, c’est ce qui nous a pris beaucoup plus de temps et, comme je le disais, le président souhaitait qu’il soit critiqué sur le timing que sur la sincérité du scrutin. On a mis tout ce temps là, il y a quand même eu des dialogues. Donc on a eu un débat avec l’opposition où il y avait dix points de divergences et, dans ces dix points, nous avons donné satisfaction à huit (8) questions. Les deux questions restant, c’était à la fois le président de la CENI et le mode de fonctionnement de la CENI. Comme vous le savez, on ne peut pas demander à la fois au président de respecter l’indépendance de la CENI et en même temps lui demander de modifier son mode de fonctionnement.

Mais pourquoi n’a-t-il pas pesé de tout son poids pour que dans la foulée, parce que généralement c’est ce qui se passe quand on organise une présidentielle, on cherche sur la tendance qui a été celle de la présidentielle pour faire élire une majorité qui convienne au président de la république ? Mais telle n’a pas été l’erreur en Guinée Conakry ?

Parce qu’il ne voulait pas brusquer les élections, il ne voulait pas rentrer dans un schéma….

Est-ce qu’il aurait gagné s’il organisait les élections législatives dans la foulée des présidentielles ?

Dans la dynamique des présidentielles, ce serait griffer sur les législatives, puisqu’il a été élu sur la base d’un programme, sur la base d’une volonté de rupture avec la manière dont le pays était géré jusque là. Mais je crois que quand on regarde son itinéraire politique, on voit l’antériorité, on voit aussi l’idéal qu’il a incarné par rapport à l’ancien système, c’est tout à fait indispensable de prendre toutes les précautions indispensables à la clarté, à la sincérité de ce scrutin qui pourrait permettre une meilleure cohésion sociale, une meilleure volonté de regrouper le pays dans le cadre de l’unité nationale.

On dit souvent des opposants historiques qu’ils ne font pas toujours de très bonnes présidences. Quelques régressions au Sénégal, on l’a vu un peu en Côte d’Ivoire avec Laurent Gbagbo. Est-ce que c’est le cas aussi à Conakry ?

Comparaison n’est pas raison, sinon regardez les Guinéens aujourd’hui, même sur le plan médiatique, vous observez qu’il y a une trentaine de radios privées qui ne sont pas toujours favorables au gouvernement, quatre à cinq télévisions privées et, ces radios sont présentes dans le jeu politique. Elles couvrent l’actualité politique de manière permanente.

Vous ne les fermez pas quand les informations ne vous plaisent pas?

Non, non. Je vous dis que ce n’est pas possible en Guinée. Les Guinéens ont en idée qu’il faut une société ouverte, démocratique, une société pluraliste et je crois que ça aujourd’hui c’est un acquis. A partir de l’acquis, il faut maintenant aller de l’esprit de liberté à l’esprit de responsabilité. C’est ce qui pose parfois problème parce que, comme vous le savez, les médias obéissent à des règles de liberté mais aussi de responsabilité. Il y a une déontologie qu’il faut encore observer, ce qui n’est pas toujours le cas quand les médias sont les excroissances des forces politiques qui se sont longtemps illustrés dans la conquête du pouvoir.

Vous parliez de groupe international de contact tout à l’heure. Ce groupe a laissé la Guinée suivre son corpuscule, l’arrêt de ses activités pour donner une chance au dialogue. Est-ce que vous pensez que c’est une bonne chose que le groupe ne fonctionne plus ?

Le groupe a eu son rôle à une période où c’était utile que la communauté internationale participe au renforcement du processus électoral.

Est-ce que c’est un regret dans le groupe ?

Aujourd’hui, la communauté internationale a été associée disons à la fois à la reprise du dialogue et à la consolidation du processus. Mais cette présence n’est pas une question préjudicielle. Il y a quand même un président élu qui est légitime. Nous ne sommes pas un pays post-conflit. Nous sommes un pays qui dispose aujourd’hui d’un président élu avec une Assemblée de transition qui n’a pas été élu mais qui fonctionne et qui joue le rôle carrément de parlement de transition. Je crois que c’est à partir du moment où l’opposition a émis un doute sur la sincérité du processus électoral sur le plan technique, qu’il a été invité à la fois l’Union européenne, l’OIF, le PNUD, les chancelleries afin que cette communauté internationale soit témoin et puisse apporter une assistance au processus pour donner beaucoup plus de gages à ceux qui estiment qu’à n’importe quel moment du jeu, comme un match de football, on ne peut pas changer de maillot en plein match. Ce n’est pas possible, il y a des institutions, un gouvernement et un président qui est élu.

L’autre contestation, vous l’avez probablement déjà entendu et au moins plusieurs fois, c’est sur les sociétés qui gèrent le fichier électoral, la nationale et Waymark. Qu’en est-il, vous gardez ou vous changez, sur quelle base ?

Je vous fais observer que l’opérateur Waymark, qui a une référence internationale, n’a pas été choisi par le gouvernement. Juridiquement, le gouvernement n’a pas les moyens de choisir un opérateur. L’opérateur a été choisi en toute indépendance par la Commission électorale nationale indépendante qui est l’instance chargée d’organiser les élections. Et, le contrat avec Waymark, ça va étonner beaucoup de gens, date du 24 juin 2010, pratiquement six mois avant l’arrivée du président Alpha Condé au pouvoir. Donc par conséquent, c’est un acte discrétionnaire, pris par une institution chargée d’organiser les élections et qui a donc choisi cet opérateur avant que le président actuel n’arrive au pouvoir. Donc par conséquent, il est difficile de demander à un président de s’ingérer dans une affaire qui relève d’un lien contractuel entre une CENI et un opérateur électoral, ça c’est une chose. La seconde chose, on dit souvent ‘’oui il a fixé le décret de manière unilatérale’’. Passons sur le fait qu’un décret est toujours par définition unilatéral. Mais j’attire votre attention sur le fait que le président, juridiquement, n’a aucune possibilité de fixer lui-même la date d’une élection aujourd’hui dans le contexte guinéen. Parce que ce rôle incombe à la CENI. Et, la CENI a proposé à la fois un chronogramme et une date. C’est à l’issue de cette proposition, que le président a estimé de son côté, en respectant son obligation légale, que les conditions techniques sont réunies. Et, il a signé un décret. C’est la première fois, il n’a jamais signé avant. J’entends dire cela, oui, il ya eu report. Je précise qu’il n’y a jamais eu de report.

Vous garantissez le fait que là, il n’estime pas que toutes les conditions soient réunies pour qu’il ait majorité, mais que les conditions sont réunies pour que les élections soient irréprochables ?

La volonté d’avoir une majorité à l’Assemblée relève de la politique.

Signer un décret ne relève pas de la politique ?

Non, ça ce n’est pas politique, il a une obligation légale. Le président de la république, c’est lui qui signe le décret convoquant le corps électoral 70 jours avant le scrutin.

Aujourd’hui il y a d’autres enjeux, on l’a suivi avec des manifestations qui ont été violemment réprimandées. On parle quand même de morts même si il y a eu deux morts et il ya eu trois morts côté des policiers quand même ?

J’attire votre attention sur le fait qu’aujourd’hui en Guinée aucune manifestation n’a été interdite. Toutes les manifestations ont été autorisées.

Pourquoi ça dégénère alors ?

Parce que tout simplement, les organisateurs n’ont pas pris toutes les mesures concernant la sécurité des manifestations. En Guinée, il existe une loi anti casseurs qui d’ailleurs a été concoctée en son temps contre l’actuel président. Dans cette loi anti casseurs, il est clairement défini que les organisateurs assument toutes les responsabilités et conséquences de la marche (les délits, les blessés…). Et, également, il faut noter qu’en Guinée, ce n’est pas l’armée qui assume le maintien de l’ordre. C’est la police et la gendarmerie qui assurent le maintien de l’ordre avec des armes conventionnelles, c’est-à-dire, comme à Paris, des gaz lacrymogènes… C’est pourquoi d’ailleurs le gouvernement a estimé qu’il fallait proposer un itinéraire sécurisé.

Mais pourquoi il y a des morts ?

Il y a des morts parce que malheureusement la violence a été orchestrée par une partie des forces de l’opposition occupant le terrain face à des policiers qui ne sont pas armés. Certains jeunes policiers et gendarmes stagiaires ont même perdu la vie dans ces combats là. Et, malheureusement, il y a une surenchère de la part de l’opposition qui estime peut-être que s’il y a plus de morts, plus de blessés, ça porterait atteinte à l’image du régime. Une erreur tragique parce qu’il s’agit de l’avenir du pays, il s’agit d’organiser des élections libres, concurrentielles qui permettent au pays de se doter d’une Assemblée nationale. Et il y a eu des flèches et des pierres. Malheureusement, l’issue a été préjudiciable mais, comme une fois, le gouvernement a toujours estimé qu’il faut appeler l’ensemble des acteurs politique au calme et à la responsabilité. Après tout, le pays est plus important que les cadres.
Transmis par le Bureau de Presse de la Présidence

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