L’actualité politique guinéenne, vu les
soubresauts qu’elle connait depuis plusieurs mois, ne laisse personne
indifférent. C’est ainsi qu’un citoyen guinéen habitant dans la province du
Québec, précisément à Gatineau au Canada, a décidé de se prononcer sur un
certain nombre de sujets de l’heure. Financier et informaticien de son état,
Sadou Kaba, fait dans ce court entretien une « réaction à chaud », suite à la
décision de l’opposition guinéenne de s’opposer à la nouvelle date des
législatives fixées par Bakary Fofana, le tout nouveau Président de la Ceni. M.
Kaba en profite aussi pour inviter la jeunesse guinéenne à « prendre
conscience », et à se trouver de nouveaux leaders capables de défendre ses
intérêts. Lisez-plutôt
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Je me nomme Sadou Kaba, citoyen guinéen
vivant dans la région de la capitale nationale du Canada, précisément à Gatineau
dans la province du Québec. Je suis ingénieur informaticien de formation. J’ai
aussi une maitrise en finance. J’ai été directeur informatique à Ecobank Guinée
et à First Bank. J’ai également été directeur informatique à la banque
malaysienne, et contrôleur interne de la même institution. Je suis également
membre national du comité de la télé composition.
KP :
Récemment l’opposition guinéenne a annoncé qu’elle s’oppose à la fixation de la
nouvelle date de la législative fixée par le nouveau président de la Ceni. Quel
commentaire faites-vous ?
S.K : C’est une
décision salutaire, un pas vers l’avant avec pour but final d’arriver à ces
élections que tout le monde attend. En six mois, nous pourrons régler entre nous
nos petites querelles habituelles et arriver finalement à la mise en place du
Parlement. C’est donc un pas important qui a été posé. Une fois l’Assemblée
installée, ce sont des milliers d’emplois qui seront crées, les investisseurs
viendront en grand nombre. Cependant, je trouve encore regrettable que cette
opposition veuille de nouveau s’y opposer. Je crois que ces opposants en font un
peu de trop. Décidément, ils ont décidé de s’opposer à toute décision
susceptible de nous faire avancer. Je trouve cela vraiment dommage. La réalité
est qu’ils ont peur de la compétition, parce que durant ces élections, on saura
comme on le dit communément qui est qui. Des partis politiques ne résisteront
pas à la compétition, par conséquent seront obligés de disparaître. Je pense que
c’est quand même un motif de frayeur. Il ne faut pas leur en vouloir. J’ajoute
cependant, que chaque guinéen doit penser plus à ce qui nous unit qu’à ce qui
nous désunit. Il faut que chacun de son côté s’efforce de faire le sacrifice
ultime qui n’est jamais de trop, afin que nous allions aux élections pour mettre
fin à cette transition. Quoique nous fassions, cette élection, comme toute
élection d’ailleurs, ne sera jamais à 100% transparente. Il n’y aura ni
vainqueurs ni vaincus à ces législatives. Le vainqueur, ce sera celui qui aura
cédé le plus pour que ces élections aient enfin lieu. C’est pourquoi, chacun des
acteurs doit se mettre au dessus des intérêts partisans pour que le débat se
transporte dans un endroit plus civilisé qui est l’hémicycle. Et qu’on mette
enfin un terme à la chiennelit qui prévaut dans ce pays.
KP : M. Kaba, je suis d’avis que les élections doivent se tenir
pour l’intérêt de tous. Mais vous ne trouvez tout de même pas que le nouveau
président a péché en prenant tout seul la décision de fixer une date ?
Ce que je ne comprends pas, c’est qu’on continue de nous rabattre les
oreilles comme quoi il ne devrait pas fixer unilatéralement une date, sans que
ces mêmes personnes qui dénoncent cet état de fait, ne nous sortent un seul
article de notre loi fondamentale, ou encore des textes régissant le
fonctionnement de la Ceni, qui dit que le président doit forcément discuter avec
les autres avant de fixer une date. Qu’ils nous sortent un article dans ce sens.
Jusqu’ici je n’en ai pas vu. On se contente de dire qu’il a violé la loi. Quand
on viole la loi, c’est par rapport à quelque chose. Où est donc cet article qui
nous dit qu’il a violé la loi ? Ces messieurs là cherchent toujours des
prétextes pour mettre des bâtons dans les roues des autorités guinéennes pour
qu’on dise qu’elles ont refusé d’organiser des élections. A leur place, je me
serais tût. Regardez le désastre que ces anciens premiers ministres ont crée
dans ce pays. Qu’ils se regardent un peu dans leurs miroirs. Même le Liberia et
la Sierra Leone qui pourtant ont connu chacun plus d’une décennie de guerre
civile étaient plus avancés que nous quand Alpha Condé venait au pouvoir il y a
deux ans. Pas d’eau, pas d’électricité, pas de routes, pas d’écoles, de
centres de santé adéquats, etc rien. Ces gens là ont été pires pour la Guinée
que ne l’ont été les guerres fratricides pour le Liberia et la Sierra Leone. Je
ne prendrai que ces deux exemples. Je pourrai en citer des dizaines d’exemples.
Les dégâts sont incommensurables.
KP : M. Kaba, pour autant, Alpha Condé aussi n’a pas encore
réussi à régler les questions d’eau et d’électricité, de même que d’autres
besoins sociaux ?
SK. Attention, vous ne comprenez rien, parce
qu’il faut semer d’abord avant de récolter. Et c’est ce qu’Alpha Condé est en
train de faire. Il est facile d’aller chercher des moteurs pourris en haute mer
à des tarifs surfacturés au détriment du contribuable guinéen comme l’ont fait
certains ancien PM. Ainsi, on donne le courant à la capitale pour quelques mois,
et puis après c’est l’obscurité totale. S’ils ont donné le courant à Conakry, où
est ce courant électrique là ? Alpha Condé, durant la campagne a clairement dit
qu’il ne fera pas de raccommodage en achetant de la pourriture ailleurs. Il a
promis de construire des barrages hydroélectriques pour que nous ayons le
courant en suffisance, et qu’au-delà nous le vendions à nos voisins ? Et il a
déjà commencé. En plus de trouver des moteurs neufs qui sont en phase
d’installation à Tombo, il a financé avec la Chine la construction du barrage de
Kaléta qui fait 240 mégawatts. Certes nous connaissons encore des difficultés
pour la desserte, mais dans moins de trois ans, Kaléta sera opérationnelle.
Ainsi, Conakry et une bonne partie de la basse-côte jusqu’à Mamou même aura du
courant et cela pour toujours. C’est ce qu’on appelle un investissement sérieux
et durable. Vous n’êtes pas sans savoir que Conakry était l’une des seules
capitales au monde à ne pas avoir d’hôtels dignes de nom. Il nous était même
impossible d’organiser le moindre petit colloque, à plus forte raison des
rencontres internationales. Mais aujourd’hui, vous voyez vous-même les hôtels de
luxe, tous des 5 étoiles qui poussent partout à Conakry comme des champignons. A
la place de l’hôtel Kaloum que Cellou Dalein avait bradé à Mamadou Sylla de
Futurelec, des partenaires sont en train de bâtir un splendide hôtel de 18
étages. A l’hôtel Niger pousse un autre de 10 étages. L’hôtel Camayenne est
aussi repris et est sur le point d’être livré. Je ne vous parle même pas des
hôtels à Kipé et du jardin de l’hôpital Ignace Deen. Tous ces hôtels que je
viens de citer, ils sont environ huit, sont tous des 5 étoiles.N’oublions pas
aussi qu’actuellement, pour la plupart des préfectures de l’intérieur, les
routes sont bitumées et d’autres sont en train de l’être. Des panneaux publics
illuminent presque l’ensemble des villes. Avec l’aide aux agriculteurs,
petit-à-petit, les populations guinéennes commencent à consommer leur riz local
produit chez nous en Guinée. A ce rythme, nous serons auto-suffisants, tout au
moins en riz, je pense dans les trois ou quatre prochaines années. On est en
train mettre au propre le cadastre minier pour que n’obtienne des concessions,
que ceux qui sont prêts à vraiment travailler en Guinée. Le gouvernement d’Alpha
Condé a réussi à obtenir l’annulation de dettes de plusieurs milliards de
dollars avec le PPTE que les anciens Premiers ministres reconvertis en opposants
ont pourtant empochés. Cela aussi a entraîné l’annulation de la dette par le
Club de Paris. Je vous rappelle qu’il l’a obtenu seulement en 15 mois, alors que
les anciens PM ont tous couru après le PPTE durant 15 ans sans jamais l’obtenir,
à cause de la corruption et de la mal gouvernance. Tout cela parce qu’il a mis
fin à la planche à billets, et qu’il a réussi à maitriser les recettes et
l’inflation. Les indicateurs macro-économiques sont tous au vert. Ce sont les
voies les plus autorisées qui le disent et l’attestent. La note de crédit de la
Guinée est satisfaisante, et maintenant on peut même emprunter. Tout cela a été
réalisé en moins de deux ans, où d’autres n’ont pas pu faire le dixième de cela
en des décennies. Je préfère m’arrêter là pour ne pas parler de projets futurs
comme le barrage hydroélectrique de Fomi dont le lancement sera fait en 2013,
ainsi que d’autres grands projets. Mais je m’arrête là d’abord, rien qu’à ce qui
est déjà fait. Je crois que le bilan est positif.
KP. Vous dites que le bilan est
positif, mais Ibrahima Kassory Fofana, ancien ministre de l’économie et des
finances et leader d’un parti politique le GPT, pense le contraire. Dans une
interview accordée à un confrère, il a même qualifié le bilan du professeur
Alpha Condé de « globalement négatif ». Qui de vous
deux a raison ?
SK. Non, je ne
reviendrai pas sur les réalisations du Pr Alpha Condé. Je viens de vous citer
quelques réalisations qui prouvent à suffisance que le pays commence à se
remettre sur les rails. Mais Kassory Fofana, lui, qu’est-ce qu’il a à nous
dire ? Rien ! C’est eux qui sont à l’origine de la débâcle de ce pays. Ce
monsieur doit se rappeler les dégâts colossaux qu’il a commis dans ce pays. Il
se vantait du TOEF, mais c’était sur du faux. Pour tromper les bailleurs de
fonds, Kassory Fofana allait en son temps chercher de l’argent auprès des
commerçants de Madina et autres, qu’il venait placer dans des comptes pour
réduire l’endettement du trésor vis-à-vis de la BCRG. Kassory maquillait les
comptes. Je préfère ne pas répondre à des messieurs pareils. Mais s’il veut
qu’on aille en profondeur des choses, on le fera. Je suis banquier, donc je sais
de quoi je parle.
KP. Nous arrivons au terme de notre entretien. Avez-vous un
message particulier que vous voulez adresser à nos lecteurs ?
SK. Mon
message s’adresse essentiellement aux jeunes de mon pays. Je leur demande de se
mettre au dessus des querelles partisanes, et de ne voir que la Guinée dans son
ensemble. Il faut privilégier ce qui nous unit plutôt que ce qui nous désunit.
Qu’ils arrêtent de marcher pour des gens qui ne se soucient jamais de leur sort.
Ils ne l’ont pas fait hier, ils ne le feront pas demain. Lansana Kouyaté lors de
l’une de leurs nombreuses et inutiles marches avait avoué que lui-même et ses
amis Dalein et Sidya n’avaient eu la vie sauve que parce qu’ils se trouvaient
dans sa voiture blindée à lui. Vous voyez ? La jeunesse doit comprendre qu’elle
doit éviter de se tuer pour des gens qui se barricadent dans des blindés lors
des manifestations, alors que les enfants des autres sont à pied sans aucune
protection. C’est un aveu qu’il a fait. La jeunesse doit méditer sur cette
déclaration. C’est pareille pour Dalein et Sidya qui ont honteusement et en
cachette pris 2 milliards chacun, au lendemain des événements du 28 septembre.
Le prix du sang de leurs militants. Ces messieurs ont empoché cette fortune sans
jamais acheter un seul comprimé pour les nombreux blessés. Juste des politiciens
alimentaires. La jeunesse guinéenne doit se débarrasser de la vielle génération
et se préparer à trouver de nouveaux leaders plus soucieux de leurs
problèmes.
Interview réalisée par Alpha
Camara
Gatineau CANADA
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