Dans une lettre à la défense de DSK, le procureur explique que Nafissatou Diallo a notamment menti sur le déroulement des faits lors de l'agression présumée.
"Pendant le cours de l'enquête, la plaignante a menti à l'assistant du procureur sur différents sujets à propos de son histoire, de son passé, des circonstances de l'incident et de ses relations privées".
C'est la conclusion, terrible, de la lettre du procureur Cyrus R. Vance Jr adressée aux avocats de DSK et publiée vendredi soir par le New York Times.
Nafissatou Diallo a reconnu avoir menti sur quatre sujets : le déroulement des faits lors de l'agression sexuelle présumée, son passé, sa demande d'asile et ses revenus:
1. Avant d'alerter un supérieur, elle a nettoyé une autre chambre après l'agression
C'est l'aveu le plus problématique, car il concerne les faits survenus le 14 mai.
Dans un premier temps, la plaignante avait livré la version suivante aux enquêteurs, mais aussi au grand jury : après la tentative de viol supposé dans la chambre 2806, elle s'était réfugiée dans un recoin du couloir principal du 28e étage. Là, elle avait attendu que Dominique Strauss-Kahn prenne l'ascenseur pour aller voir un de ses supérieurs.
Mais il est désormais établi que la femme de chambre a menti.
Voilà ce qu'écrit vendredi soir le procureur général de New York : "La plaignante a depuis admis que ce témoignage était faux et qu'après l'incident de la suite 2806, elle avait nettoyé une chambre proche et était retournée dans la suite pour commencer à la nettoyer avant de reporter l'incident à son superviseur".
2. Un viol inventé en Guinée
Lors de deux interrogatoires, face aux enquêteurs, la plaignante affirmait avoir été victime d'un viol collectif dans son pays natal et avait donné, en pleurs, des détails de l'agression.
Mais il est désormais établi que la femme de chambre a menti.
"Dans des entretiens ultérieurs, elle a admis que le viol collectif n'avait jamais eu lieu. Elle a déclaré avoir menti (...) et que ce faux incident faisait parti de l'histoire qu'elle devait mémoriser pour sa demande d'asile", précise le bureau du procureur aux avocats de DSK.
Toutefois, la lettre précise : "La plaignante déclare qu'elle témoignera avoir été violée par le passé dans son pays natal, mais lors d'un incident différent de celui décrit durant les premiers entretiens".
3. Une demande d'asile trafiquée
En décembre 2004, lors de sa demande d'asile pour les États-Unis, Nafissatou Diallo avait affirmé qu'elle et son mari avaient été persécutés et harcelés par le pouvoir guinéen.
Elle avait déclaré que son mari avait été emprisonné, puis à priori tué suite à de mauvais traitements. Suite à cela, elle a dénoncé le régime guinéen en place puis fini par fuir vers les Etats-Unis.
Mais il est désormais établi que la femme de chambre a menti.
La lettre du procureur précise en effet qu'elle est revenue sur ses affirmations. "Pendant les interrogatoires en lien avec cette affaire, la plaignante a admis que les informations factuelles fournies pour sa demande d'asille sont fausses.
Elle a déclaré avoir fabriqué sa déclaration avec l'assistance d'un homme qui lui a fourni une cassette enregistrée des faits (...). Elle a mémorisé les faits en écoutant l'enregistrement à plusieurs reprises".
Puis de préciser : "dans plusieurs entretiens avec le ministère public, elle a réitéré ses mensonges (...) et déclaré qu'elle l'avait fait pour rester cohérente avec les déclarations faites pour sa demande d'asile".
4. De fausses déclarations de revenus
Enfin, Nafissatou Diallo aurait, selon les enquêteurs, affirmé avoir l'enfant d'un ami à charge pour les deux dernières années fiscales afin d'augmenter ses déductions d'impôts.
"Elle a également admis avoir falsifié ses revenus afin de garder son appartement", précise la lettre du procureur.
Tout en reconnaissant les "erreurs" commises par la femme de chambre, son avocat, Kenneth Thompson a accusé DSK d'avoir "menti" en évoquant des rapports sexuels consentis entre lui et sa cliente.
Un mensonge de plus, mis à jour par les enquêteurs :
5. Cinq lignes téléphoniques, et non une seule
La jeune femme a affirmé n'avoir qu'un seul téléphone.
Faux pour les enquêteurs, qui ont découvert qu'elle payait plusieurs centaines de dollars chaque mois en notes de téléphone auprès de cinq compagnies différentes.
Les autres faits qui discréditent un peu plus la position de Nafissatou Diallo :
6. Le coup de fil qui la trahit
Le lendemain de sa rencontre avec DSK, la femme de chambre a passé un coup de fil à son dealer -impliqué dans une affaire de drogue selon le New York Times, et qui s'est révélé être son second mari-, pour prendre conseil sur la suite à donner à son histoire. Nafissatou Diallo lui a alors demandé si elle avait un intérêt financier à maintenir les accusations contre ce dernier.
Ce coup de téléphone, en dialecte guinéen, a pu être traduit par les enquêteurs : "Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais", a répondu Nafissatou Diallo au détenu, qui semblait s'inquiéter.
L'homme serait gambien. Elle l'aurait épousé religieusement il y a un peu plus d'un an. "Le mariage n'a pas encore été transcrit dans les registres d'état civil américains" selon Le JDD.
7. Une appartenance à un réseau de prostitution ?
C'est ce qu'annonce maintenant le New York Post. Selon le quotidien new-yorkais, Nafissatou Diallo "aurait (déjà) pu monnayer des services sexuels auprès de certains clients du Sofitel de New York", reprend Le Monde. Ces révélations viennent d'enquêteurs en charge de la défense de DSK.
On apprend ainsi, toujours selon le New York Post, que la femme de chambre vivrait au-dessus de ses moyens, mais grâce à des dépenses "prises en charge par des hommes ne faisant pas partie de sa famille". Ces dépenses viseraient des soins de beauté et de coiffure. Des clients aisés descendant régulièrement au Sofitel, Nafissatou Diallo, qui pourrait appartenir à un réseau de prostitution guinéen selon le journal new-yorkais, aurait été placé dans cet hôtel pour récupérer des "pourboires élevés".
8. Au milieu d'un trafic de drogue
Selon les enquêteurs, cités par le New York Times, elle serait impliquée dans un trafic de drogue et de blanchiment d'argent. Des transactions douteuses ont été constatées sur son compte en banque. Durant les deux dernières années, près de 100.000 dollars ont ainsi été déposés en liquide sur son compte. Des virements provenant de différents états américains.
Source: lepost.fr
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