« Je voulais être courageuse pour toutes les femmes du monde … Je veux qu’il (Ndlr : Dominique Strauss Kahn) aille en prison. Je veux qu’il sache qu’il existe des endroits où vous ne pouvez pas vous servir de votre fric, de votre pouvoir quand vous faites un truc pareil ».
Ainsi s’écriait Nafissatou Diallo, la présumée victime des assauts sexuels de l’ancien patron du FMI (Fonds monétaire international) ; avant qu’elle ne se perde dans ses argumentaires lors des différentes comparutions au tribunal avec l’ancien patron du Fonds monétaire international.
La plainte au pénal ayant du plomb dans l’aile malgré la dextérité de son avocat, elle a décidé de tenter sa chance au civil par la réclamation - excusez du peu - de la somme de 25 millions de dollars à titre de dédommagement. « La femme de chambre se dévoile », avions-nous titré une de nos éditions pour annoncer le premier entretien à visage découvert de celle qui, jusque-là, arrivait au tribunal emmitouflée dans un tissu blanc, tels ces enfants qui jouent à faire peur à leurs petits compagnons de jeu.
La plainte a été déposée devant un tribunal du Bronx, quartier où vit cette dame d’origine guinéenne qui, certainement, n’avait pas besoin d’une aussi grande publicité. Indépendante de la procédure pénale, la plainte au civil vise à obtenir une compensation financière. Elle est aussi moins contraignante pour l’accusation. Au pénal aux Etats-Unis, la culpabilité doit en effet être établie au-delà de tout doute raisonnable.
Au civil, en revanche, la personne se disant victime d’une agression sexuelle doit simplement apporter plus d’éléments en sa faveur que la défense, ce qui s’appelle prépondérance de preuves. Conséquence, Nafissatou Diallo aura, cette fois-ci, visiblement plus de chance de l’emporter, à la différence du pénal, qui ne semble pas porteur. La probabilité est donc assez forte que la plaignante s’en sorte avec des millions de dollars qui vont l’enrichir et contribuer à surtout enrichir ses avocats, qui ne sont pas des enfants de chœur.
Seulement, ce changement de stratégie risque de donner du grain à moudre à ceux qui pensent que le but, jusque-là inavoué de cette dame, était de se faire de l’argent sur l’accusé. Sans oublier que cela donne plus de crédibilité aux propos de l’avocat de DSK. Celui-ci avait en effet annoncé que la plaignante avait téléphoné à son copain, qui se trouve être embastillé pour trafic de drogue, en lui tenant à peu près ce langage : « Ne t’inquiète pas ; je sais ce que je fais. Ce type (Ndlr : Dominique Strauss Kahn) est plein aux as ». Avouons que c’est gênant pour une plaignante qui criait sous tous les toits qu’elle a décidé d’ester en justice pour la cause des femmes outragées. Va-t-elle reverser le pactole remporté à l’issue du procès à des œuvres caritatives qui luttent contre les violences faites aux femmes ?
En attendant, force est de constater que si le préjudice moral a un prix, il y a aussi le prix de l’honneur pour cette dame qui ne voulait certainement pas repartir un jour dans sa Guinée natale, précisément dans ce Fouta puritain, avec des billets verts qui suintent le scandale. D’aucun penseraient qu’il valait mieux pour elle s’arrêter au pénal, quitte à perdre le procès. A ce moment, peut-être que l’honneur serait un peu sauf. Selon un de ses frères en effet, la vie de Nafissatou est détruite. Ces propos sont à méditer parce que lourds de sens, surtout sous nos tropiques.
Issa K. Barry/L’Observateur Paalga
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire