Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, Sedar Senghor du Sénégal, Sékou Touré de Guinée-Conakry, Modibo Keïta du Mali, Kwamé N’krumah du Ghana, Hamani Diori du Niger… n’ont jamais pris les armes en 1960 pour arracher l’indépendance de leurs pays au général Charles De Gaulle. Face à la France, où à la Grande-Bretagne, ils avaient leurs idées. Ils ont offert tout simplement leur savoir-faire, leur savoir-être, l’éducation et la morale, avec les mains nues. Houphouët, Senghor, Modibo Keïta, Sékou Touré, Hamani Diori étaient des hommes d’Etat, qui avaient appris le métier politique depuis l’Assemblée constituante en France, après avoir imposé leurs forces immenses, intellectuelles et culturelles à la France. Prendre les armes n’était pas pour Senghor, Houphouët, Sékou Touré, Hamani Diori, Maurice Yaméogo, Modibo Kéïta, un modèle d’émancipation politique. Et pourtant, chacun de ces hommes d’Etat, a connu de terribles hostilités, face aux ‘’colons blancs’’. Ils sont restés enthousiastes, parce qu’ils avaient un idéal pour l’indépendance de leur pays et dans la paix. Certes, en Côte d’Ivoire, il y a eu des morts à Bouaflé, au Centre-Nord et à Dimbokro, à Agboville au Sud de la Côte d’Ivoire, avec des emprisonnements des cadres et militants à Bassam, du parti politique, le PDCI-RDA ; mais Houphouët-Boigny n’a jamais pris les armes. A l’analyse, Senghor, Modibo Keïta, Sékou Touré, Maurice Yaméogo, Hamani Diori, avaient tout simplement pensé que les armes ou la violence n’a jamais été une accoucheuse d’histoire. Prendre les armes, n’était pas du tout un sujet passionnant au Sénégal, mêmes si Lamine Gueye, Mamadou Dia, Senghor étaient des adversaires politiques très farouches à Dakar. En Guinée-Conakry, les armes, ce n’était pas un sujet passionnant pour Sékou Touré, qui a tout simplement utilisé le courage politique en 1958, pour accéder à l’indépendance face au général français, Charles De Gaulle dans une magnifique manifestation de militants panafricains. Aujourd’hui, je consacre ma chronique hebdomadaire à l’exemple de courage politique de ces pères des indépendances, parce que leurs ‘’héritiers’’ ne sont pas de véritables hommes politiques abonnés qu’ils sont à la violence, au tripatouillage de la Constitution, aux rébellions, pour accéder au pouvoir d’Etat. Les chefs d’Etat actuels pour construire leur succès au pouvoir, s’appuient sur le tribalisme, le régionalisme. Il est même singulier, que cette audacieuse option politique, conduise les chefs d’Etat actuels à un pouvoir, à durée illimitée. Des ‘’héritiers’’ qui font tout… tout seuls, décident seuls. Gare à ceux qui s’indigneront parce qu’ils n’ont pas été associés. Des ‘’héritiers’’ peu démocrates qui ne veulent pas de débats ou de polémiques. Ce qui donne, moins de densité crédible à ceux qui ont succédé à Senghor, Houphouët-Boigny, Maurice Yaméogo, Hamani Diori, Sékou Touré, Modibo Kéïta. Des ‘’héritiers’’ qui, eux-mêmes à l’époque étudiants, universitaires, historiens intellectuels ou fonctionnaires à la Banque mondiale, au FMI, à l’Unesco, l’OMS se sont indignés du fait que le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Conakry, le Niger, soient dirigés par des partis uniques, sans enjeu démocratique, sans vision de développement. Aujourd’hui, locataires des palais présidentiels, les ‘’héritiers’’ des pères des indépendances ont perdu leur esprit de rénovateurs. ‘’Des héritiers’’ bardés parfois d’honneurs universitaires eux qui voyaient tout facile ont des difficultés à ‘’corriger’’ ce qu’ils reprochaient aux pères des indépendances. Personnellement, je n’ai pas de soucis, lorsqu’il s’agit de dire la vérité. A cette lumière, je préfère les pères des indépendances. Houphouët-Boigny, Sékou Touré, Maurice Yaméogo, Hamani Diori, Sédar Senghor étaient des hommes de grandes valeurs politiques qui se sont battus pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Conakry, de la Haute-Volta, du Sénégal, du Niger. Des pères des indépendances très engagés dans les voies de la vertu : « la nation et ses valeurs morales». En Côte d’Ivoire, c’était le ‘’grand amour’’ pour Félix Houphouët-Boigny qui, dans ses recueils de pensée disait aux Ivoiriens : «Le vrai bonheur on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu». Un slogan d’une immense signification pédagogique africaine, sans idéologie politique. Senghor, Sékou Touré, Houphouët-Boigny, Maurice Yaméogo, Hamani Diori, Modibo Kéïta étaient des hommes politiques de culture et aux idéologies différentes. Mais, ils n’ont jamais pris les armes pour se déguiser en champions politiques.
Par Ben Ismaël
L'intelligent d'Abidjan
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