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lundi 4 juin 2012

Guinée: guerre ouverte contre les malversations!

Le président de la République de Guinée, Alpha Condé, a fait une sortie très remarquée samedi dernier, à Conakry. «La semaine prochaine, je vais balayer beaucoup de cadres (des) Finances, du Budget, de la Banque centrale et de la Fonction publique… Tous les cadres coupables de vol seront non seulement radiés, mais poursuivis et sévèrement condamnés…», a menacé le président Condé. Au-delà de la capitale guinéenne, le grand coup de balai annoncé dans les services publics de la République doit donner à réfléchir. Et, mieux, inciter à l’action!
Alpha Condé veut donc donner un grand coup de balai dans la gestion des finances publiques. Visiblement remonté contre les auteurs d'une tentative avortée de malversations financières dans un ministère, le chef de l’Etat guinéen a décidé de frapper fort. «On va couper la tête à la mafia organisée à la Banque centrale, aux Finances, au Trésor et à la Fonction publique», a martelé Alpha Condé, qui promet également de «nettoyer profondément la Fonction publique en coupant la tête de tous les fonctionnaires véreux», d’une part, et de «surveiller la gestion de tous les ministres», d’autre part. Et qu’on se le tienne pour dit, «tout ministre dont la gestion sera contraire à notre idéal partira du gouvernement».
Silence, en Guinée, c’est désormais la guerre ouverte contre les malversations, la corruption, la gabegie et tous leurs corollaires. On s’attend donc à voir, dès cette semaine, les effets de cette annonce toute présidentielle, qui fait suite à la révélation, le 28 mai dernier, d’une tentative de détournement de plus de 13,6 milliards de francs guinéens (plus de 1,5 million d'euros). Des «fonctionnaires véreux» ont simplement imité la signature du ministre de l'Economie et des Finances, Kerfala Yansané, alors que celui-ci était en déplacement à l'étranger. Quel culot!
Au-delà de l’annonce, il y a donc lieu de sévir effectivement pour mettre l’efficacité et la transparence au cœur des affaires publiques, dans ce pays resté en marge de règles efficaces de gestion des deniers publics pendant plus d’un demi-siècle. Chacun sera donc juge des efforts qui seront fournis pour que la parole présidentielle trouve une résonnance vertueuse et juste - c’est-à-dire sans excès de quelque forme que ce soit, ni chasse aux sorcières, ni encore règlements de compte politiques déguisés - dans l’opinion. Pour le bien de l’économie guinéenne, mise à mal depuis la nuit des temps malgré les immenses potentialités et richesses minières du château d’eau de l’Afrique de l’Ouest.
Si la colère du chef de l’Etat guinéen peut être saine et justifiée au regard des faits révélés, le nettoyage en profondeur des écuries d’Augias de la Guinée doit tout autant se faire avec sagesse et dans les règles de l’art, pour devenir un référence régionale, voire continentale dans la chasse effrénée aux pilleurs de nos économies. Et donc aux bourreaux de nos sociétés. Car ces malversations, qui tuent l’esprit d’initiative et l’intégrité de bon nombre de fonctionnaires vertueux, sont loin d’être une exclusivité guinéenne. Chaque pays devrait redoubler d’énergie et de stratégies pour faire de la bonne gestion et de l’efficacité des services publics, une valeur cardinale. La multiplicité des «Opérations de débusquage de fonctionnaires fictifs» dans nos capitales témoigne à suffisance de ce que les responsables politiques nationaux doivent constamment rester vigilants.
Malheureusement, sous nos cieux, on crie souvent très fort à la transparence, à l’excellence et à l’intégrité, sans toujours adopter les politiques à même de garantir leur réelle promotion. Certes, il n’y a point d’excuse à l’endroit de fonctionnaires qui peuvent aller jusqu’à user de faux en écriture et en signature pour s’offrir une vie de rêve. Mais dans quelles conditions vit et travaille la grande majorité des agents honnêtes de l’Etat, qui n’ont d’autre ressource pour s’acheter un minimum de dignité vis-à-vis de leurs familles et de la société, que leurs maigres salaires?
On suivra avec attention le tsunami correctionnel du président Alpha Condé, en espérant qu’il ne contribuera pas à cristalliser davantage une situation sociopolitique tendue. La guéguerre entre le pouvoir et les partis de l’opposition au sujet des élections législatives, toujours repoussées, n’est en effet pas pour apaiser le climat sociopolitique guinéen et offrir toute sa sérénité à cette indispensable œuvre de nettoyage, à grande eau, des écuries économiques et financières de la Guinée.
Serge mathias Tomondji
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