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mardi 16 octobre 2012

Guinée: l'atteinte du PPTE précipiterait la fin de la trêve entre gouvernement et syndicats? (ANALYSE)

CONAKRY -- L'atteinte du point d'achèvement du programme des pays pauvres très endettés (PPTE) le 26 septembre dernier a mis du baume au coeur de nombreux Guinéens, notamment des travailleurs qui s'attendent à voir leurs conditions de vie s'améliorer à travers une hausse des salaires, comme promis par le chef de l'Etat, qui sollicitait ainsi une trêve avec les syndicats, le temps de franchir cette étape cruciale.
Le président Alpha Condé tenait coûte que coûte à obtenir le PPTE, faisant miroiter des lendemains "meilleurs" à ses compatriotes, une fois que ce sésame était arraché.
A la faveur de l'atteinte du PPTE, le Fonds monétaire international (FMI) et l'Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale ont décidé d'appuyer un allégement de la dette équivalant à 2,1 milliards de dollars en faveur de la Guinée, ce qui représente une réduction de 66% du futur service de sa dette extérieure sur une période de 40 ans.
Cette réussite est le fruit d'un rude labeur ayant porté sur le respect des conditions suivantes, à savoir "la préparation et la mise en oeuvre satisfaisante d'un Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), le maintien d'un solide cadre de politique macroéconomique, l'amélioration d'une base de données sur la pauvreté et de la capacité de suivi, la publication de rapports annuels sur les activités de l'Agence nationale de lutte contre la corruption".
Mais l'obtention du PPTE, signifie-elle la fin de la souffrance du panier de la ménagère, conséquence des fins de mois difficiles ?
La question trouve sa réponse dans les propos du président Alpha Condé s'adressant aux représentants du Mouvement syndical le 5 octobre lors d'une rencontre qui s'est déroulée au palais Sékoutouréah.
Les membres de la Commission nationale paritaire de négociation collective sur la fixation du SMIG, la gestion de la protection sociale de la retraite et de la sous-traitance, composée du mouvement syndical et du Patronat, et le président, ont échangé sur l'augmentation des salaires des fonctionnaires, maintenant que le PPTE est atteint.
Le président Condé n'a pas fait dans la langue de bois dans son intervention durant cette rencontre. Ainsi a-t-il dit: " l'augmentation des salaires des salaires sera progressive en fonction des moyens. Vous savez que nous sommes en programme avec le Fonds Monétaire International pendant trois ans. Le premier, c'était avec le PPTE, mais aussi le budget 2013, nous allons le faire avec eux et le budget 2014. Ils sont là actuellement. C'est à partir de 2015, que nous n'aurons plus à suivre les consignes du Fonds Monétaire", a-t-il indiqué.
Poursuivant dans la même lancée, Alpha Condé a lancé à ses interlocuteurs "ce qui est de principe, c'est que les salaires soient égaux à 35% des recettes fiscales. Actuellement en Guinée, les salaires représentent 31% des recettes fiscales. La masse salariale représente 20% de dépenses totales. Mais quel est le problème que nous avons? Pourquoi il y a le bas salaire en Guinée ? Parce qu'il y a le problème du PIB qui est de 500 milliards de Francs Guinéens".
Avant l'intervention du chef de l'Etat, le porte-parole du Mouvement syndical, Mamadou Mansaré, a tenu à attirer l'attention du président de la République sur la "misère" des fonctionnaires, comme l'a rapporté un communiqué officiel publié au terme de cette audience.
Il a indiqué que "les 10% d'augmentation salariale effectuée par le gouvernement n'arrangent pas les fonctionnaires", ajoutant qu'un "travail décent signifie un salaire décent". Pour Mamadou Mansaré, "la meilleure façon d'améliorer les conditions de vie d'un fonctionnaire est de lui accorder un salaire de 3,5 millions de francs guinéens (450 euros)".
Près d'une semaine après ces échanges autour des salaires des fonctionnaires, les huit centrales syndicales de Guinée se sont retrouvées mercredi dernier à la Bourse du travail pour tirer les leçons de l'offre de 10% d'augmentation faite par Alpha Condé.
Le Mouvement syndical a décidé unanimement de s'adresser au président par écrit, en lui notifiant que cette proposition était "dérisoire", ont déclaré à Xinhua des sources syndicales.
Les syndicats souhaitent que les négociations se poursuivent afin de trouver un terrain d'entente, qui ne soit pas ces 10%, d'après nos informations.
Dans leur plateforme revendicative, le Mouvement syndical demande une augmentation de 200%. Pour eux, les 10% relèveraient d'une décision "unilatérale" prise par le gouvernement.
Avant d'intenter une quelconque action, le Mouvement syndical voudrait se référer à sa base, en organisant des assemblées générales les 16 et 18 octobre 2012 à la Bourse du travail.
Au lendemain de sa prise de fonction, le président Condé, dans le souci d'améliorer les conditions de vie et de travail des fonctionnaires, a associé les centrales syndicales et le patronat à la mise en place d'une commission qui avait la charge de sillonner les pays limitrophes de la Guinée, afin de s'enquérir du mode d'application du SMIG dans ces pays.
C'est au terme de cette tournée que la Commission nationale paritaire de négociation collective sur la fixation du SMIG, la gestion de la protection sociale de la retraite et de la sous- traitance serait parvenu à la conclusion que le fonctionnaire guinéen méritait d'être payé à 3,5 millions de francs guinéens par mois, pour être à l'abri de la "tentation".
Mais avec les explications données par le chef de l'Etat, l'Etat guinéen n'a pas l'air d'avoir les moyens de satisfaire une telle demande. Alpha Condé, dont les explications ne semblent pas convaincre les syndicats, semble pourtant avoir raison sur ce point, à en croire un haut cadre de l'administration guinéenne qui a requis l'anonymat.
Notre interlocuteur pense que l'atteinte du point d'achèvement ne signifie pas en soit que l'état va disposer de fonds colossaux susceptibles d'être repartis aux travailleurs. "Il va falloir travailler et créer de la richesse, si l'on veut verser des salaires conséquents aux fonctionnaires, qui il faut le reconnaître tirent pour la plupart le diable par la queue", a-t-il conclu. Dans le camp syndical, on semble déterminé à déterrer la hache de guerre.
Xinhuanet

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