CONAKRY -- L'opposition guinéenne a finalement fait volte-face, en annonçant sa participation au programme d'installations des démembrements de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), après avoir dans un premier temps appelé à un boycott du processus.
Ce retour à de meilleurs sentiments de l'Alliance pour la démocratie et le développement (ADP) et du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition, les deux blocs alliés de l'opposition "radicale" l'expliquent dans une déclaration publiée ce mardi.
Dans laquelle on peut lire : "Après le refus motivé de l'ADP et du Collectif de participer à la composition des démembrements de la CENI tant que cette opération se fera sous la supervision des préfets, sous-préfets, maires et autres présidents de délégations spéciales, le président de la CENI vient de publier le vendredi 11 janvier 2013, un communiqué rectificatif de celui du ministère de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation", tente de justifier l'opposition.
Selon les deux blocs, à travers ce nouveau communiqué lu sur les ondes des médias de service public, la CENI décide de "dépêcher dans les communes de Conakry et dans les préfectures de l'intérieur du pays, des missions relevant d'elle qui seront chargées de l'installation des CECI de Conakry, des CEPI et des CESPI, sans l'implication des administrateurs territoriaux", ce qui a été donc accueilli avec satisfaction dans les rangs de l'opposition, qui juge cette nouvelle "procédure conforme aux dispositions légales en vigueur et respecte les exigences de l'opposition."
Ce qui ne peut qu'encourager les partis politiques membres de l'ADP et du Collectif à prendre part à cette opération. Ils ont donc invité toutes leurs "structures de Conakry et des préfectures de l'intérieur du pays, à participer désormais à la composition et à l'installation des démembrements de la CENI."
Cette brusque montée de tension est survenue au lendemain du discours présidentiel prononcé lors de la présentation de vœux par les membres du gouvernement et les représentants des institutions républicaines. C'était le 4 janvier dernier au palais Sékoutouréah.
Dans ce discours, les opposants se sont sentis "choqués" par certains propos présidentiels, quand celui-ci a trouvé opportun d'attirer l'attention sur certains comportements susceptibles de menacer la "stabilité" du pays.
Au moment même la recomposition des démembrements de la CENI venait d'être décidée par l'institution, qui dans un communiqué daté du 28 décembre 2012 invitait les parties prenantes au processus électoral à fournir la liste de leurs membres devant être enrôlés dans les CEPI, CECI et CESPI.
Il s'agit des Commissions électorales préfectorales indépendantes (CEPI), les Commissions électorales communales indépendantes (CECI) et les Commissions électorales sous-préfectorales indépendantes (CESPI).
L'opposition avait vu rouge suite à la diffusion de ce communiqué, et en guise de réaction s'était fendue à son tour d'une déclaration.
Dans cette déclarétion publiée mercredi dernier, "les partis politiques membres de l'ADP et du Collectif demandent à toutes leurs structures de Conakry et des préfectures de l'intérieur du pays de refuser toute inscription sur la liste d'un quelconque soi-disant démembrement de la CENI."
Justifiant cette position par le fait que la constitution des démembrements de la CENI dans le "contexte actuel n'obéissait à aucune disposition légale et se faisait en violation du Règlement Intérieur de l'institution", selon eux.
Ils avaient rappelé que cette action s'inscrivait dans un programme qui découlait "d'un chronogramme d'élections rejeté par l'ADP et le Collectif, avec l'implication des préfets, sous-préfets et maires". Qui ne devraient pourtant "en aucune façon être impliqués dans la mise en place de démembrements qui relèvent exclusivement de la CENI."
Mais la tension vient de retomber, avec cette nouvelle décision de l'opposition de travailler en synergie avec les commissaires de la CENI, en vue d'installer les démembrements qui seront dotés de 2214 membres.
Un geste qui a été salué par bien des observateurs qui ne cachent plus leur "lassitude" face à cette guerre entre opposition et mouvance présidentielle. De quoi retarder la tenue des élections législatives, pourtant indispensables à la mise en route des projets de développement de la Guinée.
Xinhuanet
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