Des élections impossibles ? Les législatives que les Guinéens, quelle que soit leur chapelle poli- tique ou leur statut social, appellent de tous leurs voeux depuis l'élection du président Alpha Condé, en ont bien l'air. Chaque fois que l'on pense aboutir à une solution devant mener rapidement vers l'organisation du scrutin, une prise de position de l'opposition, une décision émanant de la CENI - ou de son président-, une déclaration du pouvoir viennent tout remettre en cause. Un vrai travail de Sysyphe.
Avec l'adoption de la loi organique sur la recomposition de la CENI, sur la base d'une parité entre la mouvance présidentielle et l'opposition, ils étaient nombreux ceux qui croyaient que plus rien ne pourrait empêcher la Gui- née de se doter, à brève échéance, d'un parlement élu. Hélas ! Après avoir reproché à Bakary Fofana, le président de la CENI, d'avoir, de façon unilatérale, publié un chronogramme sur les ondes de la RTG, l'aile dure de l'opposition vient de signifier son refus de participer à l'opération de recomposition des démembrements de la commission électorale. Avant de menacer de lancer, dans les jours à venir, des manifestations de rue pour se faire entendre. Ce qui augure des journées de braise, quand on sait que les marches du Collectif et de l'ADP ont souvent entrainé des pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels.
Le plus inquiétant, c'est que les positions ont tendance à se radicaliser et il devient difficile d'entre- voir un terrain d'entente. En lançant l'opération de renouvellement de ses démembrements, la CENI donne de fait le coup d'envoi du processus, alors que des questions comme le maintien ou non de l'opérateur Sabary Technologie, ou celui du vote des Guinéens de l'étranger sont loin d'être évacuées. Tout indique que le bras de fer entre les différents protagonistes va être à son paroxysme dans les semaines et mois prochains. Fort des dispositions favorables des Etats-unis ou de l'Union européenne envers la CENI recomposée, où l'opposition est représentée dans les mêmes proportions que la mouvance présidentielle, celle-ci ne sera-t-elle pas tentée, avec l'assentiment du pouvoir, de faire un passage en force?
Dans une telle éventualité, que pourra faire l'opposition radicale ? A part réduire de façon notable le taux de participation, et relativement nuire à la crédibilité du scrutin, il est évident que des marches, aussi violentes soient-elles, organisées dans la banlieue de Conakry et dans certaines villes où elle serait majoritaire ne pourront pas empêcher les gens d'aller voter aux quatre coins du pays. Quant à l'autre alternative, qui consisterait à attendre que toutes les parties accordent leurs violons, il ne faut pas beaucoup compter là-dessus. Puisque, assurément, dans l'un et l'autre camp il y en a qui ne tiennent pas à ce des élections soient organisées.
A moins que la communauté internationale, suffisamment alertée sur les risques encourus par les populations guinéennes, ne daignent s'impliquer davantage dans le processus. Comme peut-être l'a fait l'Onu lors des dernières présidentielles en Côte d'Ivoire. Encore que …
Mohamed Camara /Guinee7
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