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samedi 3 septembre 2011

Guinée - Liberia : bataille du rail entre miniers

En rénovant la ligne Yekepa-Buchanan, ArcelorMittal s’est doté d’un outil logistique qui fait des envieux. BHP Billiton et Vale, qui exploitent des gisements dans la région, espèrent pouvoir en profiter eux aussi.
Fin juin, le premier convoi de minerais d’ArcelorMittal a rallié par chemin de fer la mine de Yekepa au port de Buchanan. Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile, les riverains de cette voie ferrée de 240 km ont à nouveau entendu siffler le train, exploité des années 1950 jusqu’en 1990 par la Liberian-American-Swedish Minerals Company (Lamco). Tout un symbole pour un secteur minier libérien en plein redémarrage.
Pour ArcelorMittal, qui a investi 800 millions de dollars (560 millions d’euros) pour réhabiliter mine et voie ferrée, ce convoi est une belle réussite. Dès 2012, le sidérurgiste indien va pouvoir approvisionner ses aciéries de 15 millions de tonnes de fer chaque année, au lieu de l’acheter à des prix élevés et fluctuants sur les marchés. Mais surtout, étant le premier à réexporter du fer libérien depuis 2003, il s’est assuré la maîtrise de la seule voie ferrée existante, damant le pion à BHP Billiton et Vale, qui développent eux aussi des projets miniers dans la région.
Dans un arrière-pays difficile d’accès, ArcelorMittal pourra bénéficier d’une flexibilité logistique essentielle, alors que ses rivaux vont devoir soit composer avec lui pour utiliser la voie Yekepa-Buchanan, soit construire leurs propres infrastructures, ce qui est nettement plus coûteux qu’une réhabilitation. « Notre accord avec Monrovia nous donne le management de la voie ferrée pendant toute la durée d’exploitation. Une clause laisse la possibilité d’une utilisation par une compagnie tierce, mais uniquement si elle n’interfère pas avec les activités d’ArcelorMittal », précise Lynn Robbroeckx, responsable de la communication du groupe au Liberia.
L’australien BHP Billiton, qui développe six projets miniers dans la région – quatre au Liberia et deux en Guinée –, tous situés idéalement autour de la ligne, comptait parvenir à un accord avec ArcelorMittal. Son ambition était de créer un mégacomplexe ferroviaire et minier, à l’image de celui qu’il exploite aux côtés de Rio Tinto dans la région du Pilbara, en Australie.
Mais les discussions, lancées début 2010, ont pour le moment été infructueuses. Fin septembre 2010, les deux compagnies annonçaient même officiellement mettre fin à leurs échanges sur le sujet. « La quantité de minerais d’ArcelorMittal qui empruntera la ligne Yekepa-Buchanan excède ce que transportait jadis Lamco. Nous ne prévoyons pas une surcapacité permettant d’y faire transiter un surplus conséquent », justifie Lynn Robbroeckx.
Échec des négociations
« Nous avons le temps, nous sommes encore en phase de développement et d’exploration », relativise Deirdra McCracken, responsable de développement chez BHP Billiton Liberia, les mines du groupe australien ne devant pas démarrer avant 2018. Malgré l’échec des premières négociations, la compagnie n’a pas jeté complètement l’éponge. Une fois ses projets miniers plus avancés, elle espère que le gouvernement libérien mettra la pression sur ArcelorMittal pour lui laisser un peu de place malgré tout.
Le brésilien Vale est lui aussi en embuscade. Allié à l’israélien BSGR, il développe le gisement de Zogota, en Guinée, situé à quelques kilomètres de Yekepa, et escompte lui aussi emprunter l’ancienne voie ferrée de Lamco. Vale devra cependant surmonter un autre obstacle. À Conakry, le président Alpha Condé semble en effet remettre en cause l’accord, signé sous Sékouba Konaté, qui autorisait le groupe à traverser la frontière libérienne avec du minerai guinéen. Vale, qui s’était engagé à construire une ligne pour le transport de passagers entre Conakry et Kérouané en échange, ne désespère pas de parvenir à un accord.
Source: Jeune Afrique

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