BISSAU — Le siège de l'état-major des forces armées bissau-guinéennes a été attaqué lundi à Bissau par un groupe de soldats tandis que des militaires mécontents se sont déployés dans les rues de la capitale, selon des militaires et des témoins.
Aucune source n'était en mesure d'indiquer si ces évènements, qui se sont produits en l'absence du pays du chef de l'Etat et ont amené le Premier ministre à se réfugier brièvement dans une ambassade, avaient fait des blessés ou des morts.
La Guinée-Bissau connaît une instabilité chronique depuis son indépendance en 1974 et est régulièrement frappée par des coups d'Etat et des violences où l'armée joue un rôle prépondérant. On ignorait cependant si les troubles de lundi allaient au delà d'une poussée de fièvre.
Le chef des armées, le général Antonio Indjai, qui a confirmé l'attaque de l'état-major, n'a pas voulu identifier les assaillants qui, selon d'autres sources, sont des soldats, dont des hommes de la Marine. Une source militaire a évoqué un mécontentement de soldats du à une question de salaire.
"Nous avons été surpris ce (lundi) matin par des hommes armés qui ont attaqué l'état-major", dans le quartier de Bissau Velho (centre-ville), de même que "deux autres unités militaires" situées dans la périphérie sud de Bissau, a dit à la presse le général Antonio Indjai.
"Ces hommes ont voulu récupérer des armes que nous avons dans les armureries", a-t-il ajouté, refusant de s'exprimer plus "sur la situation pour le moment".
Le général Indjai se trouvait au siège de l'état-major lors de l'attaque. Il s'est ensuite installé dans une base militaire à Bissalanca (périphérie nord), d'où il s'est exprimé devant quelques journalistes, sans blessure apparente.
Selon les sources militaires, l'état-major a été attaqué vers 06H30 locales (et GMT) par un groupe de soldats qui ont tiré en l'air pendant une demi-heure environ. Des tirs ont également été entendus vers 10H30 mais, depuis, le calme régnait à Bissau où ce lundi est jour férié.
Quelques commerces qui avaient ouvert lundi matin ont fermé en début d'après-midi.
Ces évènements ont précédé le déploiement de militaires en armes dans la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP, alors que le président bissau-guinéen, Malam Bacaï Sanha, élu en 2009, est actuellement en séjour médical en France.
Les militaires qui ont pris la rue, issus de diverses unités, ont érigé des barrages en certains endroits et interdit l'accès à l'état-major.
Le Premier ministre, Carlos Gomes Junior, s'est temporairement réfugié à l'ambassade d'Angola, après que des militaires se furent rendus à son domicile, situé en face de la représentation diplomatique, selon deux de ses proches et une source diplomatique non angolaise.
Il a regagné son domicile en milieu de journée, a indiqué un membre de sa famille à l'AFP.
Un militaire présenté comme un des dirigeants des soldats descendus dans la rue a affirmé à l'AFP qu'ils réclamaient une augmentation salariale.
"Nous n'avons aucune intention de nous en prendre à l'Etat", a affirmé ce militaire, selon lequel le gouvernement a procédé en novembre à une augmentation salariale "pour permettre de passer une bonne fête de Noël" mais qui n'a profité qu'à une poignée de militaires.
"Les officiers supérieurs ont eu une grande part et nous, soldats, n'avons eu qu'une légère augmentation. (...) En plus, nous vivons dans des conditions inhumaines dans les casernes, alors que nos chefs ont un train de vie de bourgeois", a-t-il dit.
De Allen Yero EMBALO
AFP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire