CONAKRY -- La décision prise par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) Lounsény Camara de rendre son tablier, pourrait mener à une reprise du dialogue politique entre le pouvoir et l'opposition, après une période de crise qui a atteint son paroxysme avec la démission des représentants de l'opposition au sein des institutions républicaines.
Ceci, découlant des incidents survenus le 27 août dernier lors de l'interdiction d'une manifestation de l'opposition par les autorités de la capitale guinéenne.
La situation connaissait un tel pourrissement que l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) et le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, les deux blocs alliés de l'opposition radicale avaient décidé de poursuivre leurs actions de désobéissance civile en ce mois de septembre, par l'organisation d'un meeting le 8 septembre à l'héliport de Bellevue dans la banlieue de Conakry.
Un meeting qui sera suivi d'une marche pacifique le 20 septembre s'étendra sur toute l'étendue du territoire national, pour rejeter en bloc la proposition de sortie de crise soumise par le Conseil national de la transition (CNT) au président guinéen.
Il s'agit en fait de " la recomposition partielle de la CENI en tenant compte du paysage politique actuel, sauvegarder la mémoire de l'institution, et capitaliser les expériences des membres actuels de la CENI ".
Dans ce climat délétère qu'intervient la démission de Louncény Camara de la présidence de la CENI.
Dans sa lettre de démission dont Xinhua détient copie, le président de l'institution chargée d'organiser les élections en Guinée porte à la connaissance de ses compatriotes avoir été reçu par le chef de l'Etat ce mercredi. " Je suis venu lui faire part d'une décision patriotique qui s'est imposée à moi.
En effet, depuis quelques mois, des leaders politiques, refusant de jouer le jeu démocratique et d'adhérer au processus électoral en vue des prochaines élections législatives, prennent pour prétexte ma présence à la présidence de la CENI.
"Une CENI à la tête de laquelle j'ai été porté à l'issue d'une élection claire qui s'est déroulée en présence de tous ses membres ", souligne Lounsény Camara dans sa missive. Puis de poursuivre "Je ne puis accepter que ma présence à la Présidence de la CENI hypothèque l'organisation des législatives.
" C'est pourquoi, en mon âme et conscience, j'ai décidé de saisir ma centrale syndicale pour qu'elle désigne un autre membre à ma place dans la nouvelle CENI ", a indiqué le président de la CENI.
Qui par ce geste entend "permettre l'avancée du processus électoral. Il a profité de l'occasion pour lancer un appel à toute la classe politique guinéenne afin qu'elle mette l'intérêt supérieur de la Nation au dessus de toute autre considération".
Le chef de cabinet et porte-parole de la présidence Naby Youssouf Kiridi Bangoura a salué cette "décision patriotique de Lounsény Camara, qui, selon lui, a profité des initiatives posées par le chef de l'Etat. Initiatives dont il a tiré les leçons à titre personnel", sur les antennes d'une radio locale ce jeudi.
Le leader de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo, réagissant à cette démission à partir des Etats-Unis, où il a été invité à prendre part à l'investiture de Barack Obama, en tant que candidat démocrates à la prochaine présidentielle considère ce geste comme "la satisfaction d'un point de la plateforme revendicative de l'opposition".
Interrogé par le correspondant d'un site local basé au pays de l'Oncle Sam, l'opposant "déplore le fait que le président de la CENI ait attendu si longtemps, et que le président Alpha Condé l'ait soutenu dans cette position. La Guinée a perdu assez de temps et beaucoup d'opportunités.
Cette décision aurait été prise plutôt, et peut-être ça aurait fait éviter beaucoup de choses. Notamment, cela aurait évité les marches qui ont coûté la vie à des paisibles citoyens et causé des blessures et des emprisonnements chez d'autres. Mais c'est seulement si le président Alpha Condé avait fait preuve de flexibilité pour accepter les revendications légitimes des populations guinéennes", a réagi Cellou Dalein Diallo.
On le voit, la démission de Lounsény Camara constitue un grand pas vers le dénuement de la crise sociopolitique qui avait fini par estomper tout espoir pour la tenue rapide des élections législatives justes et régulières.
Xinhuanet
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