La récente Assemblée générale extraordinaire de la CAF qui s`est tenue aux Seychelles, a donné lieu à des interprétations du texte modifiant les conditions d`éligibilité à la présidence de l`institution. On est allé vite en besogne et dans tous les sens, extrapolant que pour être candidat à la présidence de la CAF, il fallait être membre élu du Comité Exécutif ou y avoir été une fois élu. Une telle affirmation, évidemment érronnée, n`a pas manqué de jeter une suspicion légitime sur l`amendement qu`on a vite taxé d`être dirigé contre un candidat, en l`occurrence Jacques Anouma. Au-delà de la passion et de l`émotion, il convient de revenir sur la proposition algérienne, ce qu`elle dit réellement et ce qu`elle ne dit pas, pour voir si Jacques Anouma reste toujours dans la course. Le 20 juin 2012, la Fédération algérienne de football, par un courrier référencé N/Ref/N°1229...SG/FAF/2012, signé de son secrétaire général Nadir Bouzenad, a écrit à la Confédération Africaine de football (CAF), avec pour objet, une proposition de modification des statuts de la CAF relatifs à la candidature à la présidence de cette institution. La fédération algérienne a proposé ceci : « Tout candidat aux élections à la présidence de la Confédération Africaine de Football, outre les compétences nécessaires, devra être ou avoir été membre du Comité Exécutif de la CAF ». Avant l`Assemblée Générale du 3 septembre dernier, un débat s`était ouvert à propos de l`opportunité de cette proposition ainsi que de ses visées. Le fait même qu`elle exclue les autres acteurs du football africains qui ne sont pas membres du Comité Exécutif de la CAF ou qui n`en ont jamais été, a rebuté plus d`un. Certains présidents de fédération comme le Sénégalais Augustin Senghor, ont dénoncé le caractère foncièrement anti démocratique de la proposition algérienne. Joseph Bell Antoine, ancien international, gardien de but des Lions indomptables, a même parlé de `bunkerisation` de la présidence de la CAF qui devient l`affaire d`un groupuscule de personnes pas plus méritantes que d`autres, fussent-elles membres ou anciens membres du Comité Exécutif. Malgré ces appréhensions légitimes, la proposition algérienne, qui a été présentée et adoptée par 44 voix contre 6, lors de l`Assemblée Générale, n`a pas changé dans sa formulation initiale. Aucune virgule n`a été retranchée ou ajoutée à cette proposition de son sorte que l`amendement reste conforme à la lettre et à l`esprit du contenu du courrier 20 juin 2012. La proposition algérienne est passée comme telle. D`où vient alors que les commentaires qui fusent çà et là depuis la fin de l`AGE, font inclure dans ce texte la notion de `membre élu` ? « Être ou avoir été membre du Comité Exécutif de la CAF », voilà ce que dit la proposition. Et lors de l`Assemblée générale, aux Seychelles, il n `y a eu aucun débat sur le texte, encore moins son contenu. Il n`y a même pas eu de débat sur la question de `membre du Comité Exécutif, alors qu`il y a trois catégories de membres. Au Comité Exécutif de la CAF, il y a le président et 12 membres. Il y a les membres élus, les membres cooptés par le président de la CAF et les membres africains du Comité Exécutif de la FIFA, qui sont d`office membres du Comité Exécutif de la CAF même s`ils n`ont pas le droit de vote. Qui de ces trois catégories peut être éligible à la présidence de la CAF ? Cette question n`a pas été abordée. A l`évidence, et selon la lettre de l`amendement, le seul fait de siéger au Comité Exécutif confère la qualité de membre. Le cas contraire aurait conduit les délégués à préciser l`esprit de l`amendement en y incluant clairement la notion de membre élu. Pourquoi veut-on faire porter aux délégués, la responsabilité de ce qu`ils n`ont pas voté ? Maintenant, si après l`AGE des Seychelles, le Comité Exécutif de la CAF se réunit pour trancher la question, il va simplement au- delà de ses prérogatives. Or jusqu`à la date butoir du 3 décembre 2012 où les textes devront entrer en application, Jacques Anouma, membre du Comité Exécutif de la CAF pour le compte de la FIFA, reste bel et bien éligible au regard de l`amendement tant cet amendement concerne les trois types de membres de la CAF. La question de son éligibilité ne se pose même pas. Les délégués ont compris qu`ils ne s`agissait pas de texte personnellement dirigés contre un candidat. Des débats au fond auraient permis de déceler une telle manigance s`il elle était apparue, et sans doute la proposition algérienne n`aurait pas connu le sort qui est le sien aujourd`hui. Si les délégués ont gardé la tête froide, sachant que l`amendement ne visait aucune catégorie de membres du Comité Exécutif, il n`appartient pas à de simples observateurs de décider de qui est membre du Comité Exécutif ou qui ne l`est pas.
Litié BOAGNON
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