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lundi 12 novembre 2012

Guinée: Alpha Condé "choqué" par l'assassinat de la directrice du Trésor

CONAKRY — Le président guinéen Alpha Condé s'est dit lundi "choqué" par l'assassinat vendredi à Conakry de la directrice du Trésor public de Guinée, Aïssatou Boiro, et affirmé que cela ne le détournera pas de la lutte contre la corruption, a appris lundi l'AFP de source officielle.
M. Condé s'est rendu dimanche soir au domicile de Mme Boiro à Conakry afin d'y présenter ses condoléances à sa famille, a indiqué la radio publique.
Dans un communiqué de la présidence, le chef de l'Etat a indiqué que "les responsables de cet acte lâche et odieux seront traduits en justice" ajoutant que cet assassinat "ne détournera pas le gouvernement guinéen de sa campagne anti-corruption".
"Aïssatou Boiro a lutté sans répit contre la corruption dans notre jeune démocratie. Elle a été emportée de la pire manière mais son travail ne sera pas vain. Nous continuerons le combat contre la corruption", a-t-il affirmé.
Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée en novembre 2010, a fait de la lutte anti-corruption une de ses principales priorités.
Plusieurs responsables d'organisations de la société civile de Guinée ont également condamné l'assassinat de Mme Boiro.
Leur porte-parole, Fatou Baldé, l'a qualifié de "tragédie (...) qu'aucune raison ne peut justifier". Selon elle, les autorités portent "une lourde responsabilité" dans le niveau élevé d'insécurité actuel en Guinée.
Le responsable de l'Organisation guinéenne des droits de l'homme (OGDH), Thierno Maadjou Sow, s'est dit "choqué et perturbé par cet acte criminel qu'il faudra punir à la hauteur de la forfaiture. Il faudra que l'Etat trouve les moyens de sécuriser les citoyens guinéens qui ont dans leur grande majorité perdu leur sommeil".
Aïssatou Boiro a été assassinée vendredi soir par des inconnus, dont l'un portait l'uniforme de l'armée, dans un quartier résidentiel de Conakry, alors qu'elle revenait du ministère du Budget.
Elle a été à l'origine du démantèlement d'un réseau qui avait tenté en mai de détourner plus de 13 milliards de Francs guinéens (1,5 million d'euros) de la Banque centrale de la république de Guinée (BCRG) impliquant plusieurs cadres du Trésor public, du ministère des Finances et de la Banque centrale, indique-t-on de sources proches des milieux économiques et financiers à Conakry.
Au moins neuf personnes ont été arrêtées à la suite du démantèlement du réseau qui avait tenté de détourner des fonds publics. Une autre est en fuite.
La Guinée a une histoire marquée par la violence politico-militaire depuis son indépendance.Le chef de l'Etat était sorti indemne, en juillet 2011, d'une attaque à l'arme lourde de son domicile privé de Conakry.
Une soixantaine de personnes au total, dont des militaires, avaient été arrêtées après cette attaque et la plupart poursuivies pour "attentat contre la sûreté de l'Etat" et "tentative d'assassinat" du chef de l'Etat.
Dix-sept des accusés ont été libérés en mars à la faveur d'un non-lieu. Deux sont décédés en détention, les autres demeurent en prison.
AFP

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